Saint-Médard-d'Eyrans : sa géologie par Frédéric Bordessoule

image1Le sous-sol de Saint Médard d’Eyrans
Frédéric BORDESSOULE
PRÉSIDENT APBA ASSOCIATION PALÉONTOLOGIQUE DU BASSIN AQUITAIN

Bien des habitants de notre commune que j’ai l’occasion de rencontrer, lors d’expositions ou de manifestations culturo-scientifiques, me posent souvent la question suivante : « Y- a-t-il des fossiles dans le sous-sol de Saint-Médard-d’Eyrans ? ».
Cette question, apparemment simple, pose en réalité quelques problèmes, car peu d’études scientifiques existent sur ce sujet, pour ne pas dire a priori aucune !
Pourtant, de très nombreuses recherches géologiques ont été réalisées sur les environs, et cela depuis plusieurs décennies, notamment sur le canton de La Brède. Les communes de Saucats, Léognan, Martillac, La Brède, Saint-Morillon, et Cabanac-Villagrains, connues géologiquement pour certaines depuis le XVIIIème siècle, ont livré des trésors d’informations et servi à établir des données scientifiques très précieuses sur les sous-sols et les fossiles qu’ils contiennent.
Le palmarès restant toutefois décerné aux communes de Saucats et Léognan, pour le grand nombre de publications scientifiques, de rapports de fouilles et de thèses d’Etat sur les paléofaunes miocènes. De plus, la présence de la Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède démontre l’importance de la géologie sur notre localité.
Mais, revenons donc à Saint- Médard-d’Eyrans. A ma connaissance, notre commune n’était certainement pas le territoire le plus étudié, paléontologiquement parlant. Mais comme vous le savez bien, dans notre belle science, nous ne pouvons pas répondre à une question, sans avoir au préalable mené une enquête détaillée, afin de trouver des preuves et des faits vérifiés.
Je me suis donc rendu à l’agence régionale du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (B.R.G.M.) à Pessac où dans les innombrables archives, j’ai pu, à ma grande surprise, découvrir des documents d’études et constater que notre domaine communal avait bien été étudié géologiquement, par le biais de forages. L’objectif pour le B.R.G.M., en réalisant ces forages, était de connaître la nature du sous-sol, afin de prévoir l’installation d’infrastructures importantes, aujourd'hui opérationnelles (comme l’autoroute A62) et de mesurer les ressources aquifères des couches Eocène.
Ces forages ont tous été effectués (d’après mes recherches) entre septembre 1964 et novembre 1995 et cela en seize lieux différents sur la commune de Saint-Médard-d’Eyrans. Il faut ajouter à cela neuf forages supplémentaires, réalisés dans le cadre de l’évaluation de la qualité des eaux, en 1967.
Remarque : Les forages matérialisés sur la carte ci-dessus ne sont, bien entendu, pas au complet. Ce sont uniquement ceux qui ont servi à établir une coupe précise qui sera illustrée plus loin.
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Dans l’ensemble des forages réalisés, deux sont particulièrement intéressants. Il s’agit des forages des lieux-dits Le Pontet et Le Blayet, qui offrent les séries stratigraphiques les plus complètes, en partant de l’Eocène inférieur et en remontant jusqu’au Quaternaire.
L’intérêt de ces deux forages réside dans leur grande profondeur (Le Pontet : – 360 mètres ; Le Blayet : – 350 mètres).

 

Le forage du lieu-dit Le Pontet et celui du lieu-dit Le Blayet sont séparés d’environ une distance d’un kilomètre. Les résultats du sondage du B.R.G.M. nous apportent une reconstitution du sous-sol, niveau par niveau.
C’est comme cela que l’on peut observer que la base de la coupe datée de l’Eocène inférieur (environ - 48 millions d’années) est constituée de marne sableuse fossilifère (au Pontet), surmontée par l’alternance de marnes et de calcaire datant de l’Eocène moyen (environ - 44 millions d’années) et de marnes sableuses et d’argile de l’Eocène supérieur (environ - 38 millions d’années). Cet ensemble Eocène est lui-même surmonté image3par des niveaux d’argile puis de calcaire, datés respectivement de l’Oligocène inférieur (environ - 32 millions d’années) et supérieur (environ - 25 millions d’années). Enfin, la série se termine par le quaternaire, qui est matérialisé par des sables (au Pontet) et des argiles (au Blayet) avec, par endroits, des lentilles graveleuses.

 

 

 

 

Remarque : Cette fiche (Source : B.R.G.M) présente la coupe lithologique (dite coupe de terrain) et la coupe technique, ainsi que des observations précises sur l’hydrogéologie, l’hydrodynamisme, la piézométrie (permettant de mesurer la pression de l’eau) et les caractères physico-chimiques du sous-sol (température, pH,…)
Après l’étude de toutes les fiches techniques de forages concernant Saint-Médard-d’Eyrans, seuls quatre sites, parmi les seize sondés, indiquent la présence de fossiles ou de traces fossiles. Ces sites sont les suivants :
– La Prade III (Autoroute) : « Calcaire friable tendre et coquillier » à partir de 9,95 mètres de profondeur.
– La Prade V (Autoroute) : « Calcaire vacuolaire très coquillier jaunâtre dur » à partir de 9,90 mètres de profondeur.
– Le Pontet : « Marne sableuse fossilifère » à partir de 311 mètres de profondeur.
– Le Brouilleau : « Présence de traces fossiles » (légère) (Pas d’indication de profondeur).
A la lecture de ces éléments, nous pouvons aujourd'hui affirmer que le sous-sol de Saint-Médard- d’Eyrans contient bien des restes fossiles de l’Eocène (Le Pontet) et de l’Oligocène (La Prade III) essentiellement, mais à de très importantes profondeurs. Voilà pourquoi, en l’absence d’affleurements géologiques, et malgré les différents sondages réalisés, aucune étude purement paléontologique n’a été menée sur le territoire de la commune de Saint-Médard-d’Eyrans.
Toutefois, l’étude détaillée des échantillons de forage pourra dans l’avenir (espérons-le) préciser exactement les faunes fossiles présentes (les qualifier et les identifier) afin de mieux connaître le passé de Saint-Médard-d’Eyrans.

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