Beautiran : église Saint-Michel par JP Lacoste

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Texte "L'église St Michel de Beautiran" paru dans le Journal de la Promenade de Beautiran

(SIGM 2001)

synthèse de Piou Lacoste, architecte, président SIGM de 1996 à 2002 ;

d'après les travaux des architectes Leblanc et Boulanger  et le rapport de Jean Valette conservateur.

 

Située sur la place au Calvaire, devenue le lieu pri­vilégié des parties de pétanque, elle se caractérise par une architecture romane aux murs épais, aux fenêtres étroites et arcs plein cintres. Sa façade s'ouvre sur une porte centrale entourée de deux portes feintes. Deux petites chapelles aux toits en bâtières cantonnent la façade occidentale.

Cette église romane a connu d'importantes trans­formations architecturales depuis sa construction au XII ° siècle. Sa façade en pierre de taille a été régulièrement remaniée. En 1864, l'architecte Gustave Alaux, membre de la Commission des Monuments historiques de Gironde, auteur d'une soixantaine d'églises en Aquitaine et qui vient d'achever l'église Saint Jean d'Etampes à La Brède, ajoute à la façade occidentale, sui­vant le même décor, une corniche soutenue par des modillons séparant le portail d'une arcature aveugle de sept arcs en plein-cintres extrados­sés.

La rénovation majeure, financée par les habitants eux même, sera son clocher "ballon" qui donne à l'église une forte identité tout en conservant son caractère roman. C'est un des premiers clochers de Alaux qui ne soit pas une flèche, et ce malgré les recommandations du Cardinal Donnet, mais suite aux volontés affirmées des habitants et du Conseil de fabri­que. Quelques années plus tard une commune voisine (St Médard d'Eyrans) fera la même démarche avec le même architecte.

On regrette que Léo Drouyn, qui en 1859 fut la première personne à faire un réel état des lieux, ne nous ait laissé aucun de ses magnifiques cro­quis. Si avant lui aucun inventaire de l'égli­se n'avait été fait on suit au travers des comptes rendus d'inspection de l'Archevêché les états suc­cessifs de la construction et de son mobilier. Ainsi, on sait qu'au XVI° siècle, les Pontac, barons de Beautiran, ont fait sculpter leurs armes, symboles de leur pouvoir, sur un chapiteau du collatéral nord ; on en aurait aussi profité pour refaire le sommet de deux élévations latérales et celui de l'abside septentrionale. A cette époque existait dans l'absidiole Sud "un trou de St Michel par lequel on passe les enfants et personnes attaquées du mal"; qui a disparu dans les restaurations du XIX°.

A la fin du siècle, le conseil municipal après quel­ques disputes avec le Conseil de fabrique de l'église, décide de prendre en charge activement la restauration de l'église devenue vétuste depuis l'oeuvre entreprise par Gustave Alaux. Les tra­vaux de restauration confiés à l'architecte Henri Le Lille portent sur la structure de la charpente et les nouvelles voûtes en brique ; il fait ériger quatre contreforts sur les murs latéraux pour contre-buter la poussée des voûtes, des arcs à dou­bleaux sur les bas côtés ; il fait poser deux corbeaux en pierre dure dans des piliers isolés de la nef et deux colonnes engagées dans la croisée. Une statue de St Michel ailé vient compléter l'au­tel. Les chapelles de St Joseph et de la Vierge sont réaménagées. Dans les fonts baptismaux situés à gauche en rentrant, la cuve baptismale réalisée par le sculpteur Jabouin est posée sur un pied en marbre provenant du mausolée du Duc d'Epernon à Cadillac. Le temps n'a pas raison de la petite paroisse de Beautiran où les paroissiens donnèrent souvent du fil à retordre à la hiérarchie religieuse. Les anecdotes se multiplient et l'on raconte qu'au XVII ° siècle des habitants subtilisèrent les cordes des cloches afin d'empêcher le bon déroulement des services, les saboteurs furent accusés et jugés.

 

On peut lire aussi un jugement de la Cour de juridiction de l'Isle St Georges, suite à des plaintes contre le prêtre pour non respect de l'eucharistie : on accusait les "prestres" de St Michel (idem "le prestre" de Castres-Gironde) de ne pas respecter la procédure de distribution du pain béni qui prévoyait l'eucharistie en priorité pour les personnes les plus influentes en suivant un ordre dégressif.

 

Remerciements à Leblanc et Boulanger architectes, à Jean Valette conservateur

 

 

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