texte ci-dessous par Emilie Chenneveau (septembre 2005)
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Léo Drouyn
Léo Drouyn (né à Izon en 1816 - mort en 1896), artiste et savant girondin, a laissé au milieu du XIX e siècle un fonds iconographique exceptionnel sur le patrimoine médiéval autour de 1850, quarante ans avant les premiers témoignages photographiques : son oeuvre est riche de plus de 3.000 dessins et près de 1.550 gravures. II participa dans la lignée de Victor Hugo et du mouvement romantique, à la redécouverte et au triomphe du Moyen Age. Paysagiste, il est proche de l'Ecole de Barbizon.
Ses albums de dessins, ses notes et ses croquis, sont une source d'information inestimable pour la connaissance du patrimoine avant les grandes restaurations du cardinal Donnet. Dessinateur attitré, de 1842 à 1849, de la Commission des Monuments historiques départementale, il mit en exergue la richesse du patrimoine roman girondin et devint l'un des plus éminents spécialistes de l'architecture médiévale, dont il grava à l'eau-forte les principaux types.
Mis à part l'église de La Brède, qu'il visite en 1846, lorsqu'il travaille comme dessinateur pour la Commission des Monuments historiques de la Gironde, Léo Drouyn étudie les églises du canton de La Brède entre 1850 et 1860. Dans cette décennie, il commence cette « statistique monumentale» des édifices médiévaux girondins qui va rester sa grande oeuvre. II remplit ses carnets de notes archéologiques, accompagnées de petits croquis, et dessine dans ses albums, lorsqu'il le juge utile, de belles vues générales des édifices ou de leurs éléments les plus intéressants, avec parfois, comme à l'Isle Saint-Georges, le désir de saisir le pittoresque d'une vue ou d'un paysage.
D'un point de vue archéologique, au-delà de la remarquable façade de l'église de La Brède, il a été frappé par l'unité que présentent les églises romanes de cette zone, avec leurs chevets à trois absides et absidioles. C'est le cas à Castres, Beautiran, Martillac,Cabanac ou Cadaujac. II a été également frappé par la beauté de l'abside de l'église de Léognan, qu'il tiendra à présenter, en 1853, avec celle toute proche de Villenaved'Ornon, dans un article du Bulletin monumental que publie, à Caen, Arcisse de Caumont.
Le clocher de Saint Morillon, qui porte un balcon en bois (destiné à protéger les sonneurs de cloches) soutenu par des madriers appuyés très bas sur des corbeaux l'intéresse au plus haut point : cela lui donne la clef d'un dispositif rencontré parfois ailleurs, mais disparu, ne laissant comme témoignage que quelques corbeaux dont il ne comprenait, jusgu'alors, ni la présence ni l'utilité aussi bas, en dessous d'une ouverture. L'expérience du terrain est une composante essentielle de l'oeuvre de Drouyn .
Enfin, Léo Drouyn est passé quelques années avant les grandes restaurations néo-romanes ou néo-gothiques du cardinal Donnet qui ont mutilé la plupart de ces églises. C'est ce qui fait que son témoignage écrit (Notes archéologiques manuscrites), et parfois dessiné, nous est particulièrement précieux, comme l'indique Emilie Chenneveau, auteur des textes de cette plaquette.
La BREDE
Selon une description de Léo Drouyn, datée du 5 mai 1846, huit années avant l'écroulement du clocher, l'église présentait une abside polygonale à pans coupés, dont l'élévation est détaillée. Elle se composait de trois niveaux, séparés par des cordons. Celui qui sépare le premier du second était sculpté de rinceaux. Le niveau moyen était occupé par un arc retombant sur des impostes, tandis que le troisième niveau était occupé par deux arcs retombant au centre sur une courte colonne portant un chapiteau orné.
Avec le portail du Xll e siècle, c'est à peu près tout ce qui subsistait de visible de l'époque romane, une restauration très importante ayant eu lieu au XVlll e siècle, puis une nouvelle au XIX e siècle. En effet, vers 1745, il parut nécessaire d'agrandir l'église devenue trop petite. On lui a donc rajouté une nef au sud, et on en profita pour reconstruire en brique la vieille voûte de bois et pour surélever l'ancien clocher roman. L'abbé Baurein décrit ce clocher carré, avec une charpente pyramidale et fort élevé, et il devait l'être peut être un peu trop puisqu'il s'est effondré en 1854. A la suite de cet effondrement, l'église a été presque totalement reconstruite. La façade, classée au titre des Monuments Historiques, fut également bien modifiée à cette occasion, selon les critères de «restauration» en usage sous Napoléon III.
L'église est refaite dans un style néo-roman destiné à s'harmoniser avec celui de l'ancienne façade, et l'emploi systématique de l'arc en plein cintre règne sur l'ensemble de la construction, à l'imitation de l'ancienne église. Comme c'était le cas dans l'édifice roman, un clocher couronne la croisée, dont le socle est flanqué par les quatre effigies monumentales, en pierre, symboles des Evangélistes.
La restauration néo-romane de l'architecte Gustave Alaux a réellement cherché à prolonger le souvenir de l'église romane, et il en a été de même avec la sculpture. Comme l'église de Léognan, elle est, dit Michelle Gaborit «un plagiat de l'ancienne église romane»
L’ouest de la nef unique prenait place la façade romane que Léo Drouyn a dessiné à trois reprises lors de sa visite en 1846, et dont il a tiré un calque et une gravure, publiés dans le Compte-rendu de la Commission des Monuments Historiques de la Gironde. Par contre, on n'a pas retrouvé d'écrit de sa main concernant l'église de ta Brède ; pas de notice dans ses Notes archéologiques, pas d'article dans le Bulletin monumental ou toute autre revue savante.
Les dispositions de la façade, avec un avant corps composé de trois niveaux, sont proches de celle de Loupiac (où la sculpture est quand même plus abondante et les arcs latéraux plus élevés), mais aussi de façon plus générale de celles qui, dans l'ouest de la France ont des portails surmontés d'une arcature et flanqués de deux arcs aveugles, comme c'était le cas à la Sauve Majeure ou à Sainte-Croix de Bordeaux.
Les chapiteaux bien conservés, montrent des liens avec la Saintonge et peuvent avoir été sculptés dans le second quart du Xlle siècle. Si l'on compare les descriptions de Léo Drouyn et la façade actuelle de l'église de la Brède, on s'aperçoit que cette dernière a subi quelques modifications, particulièrement au second niveau, où l'arcature a été complètement refaite, et compte maintenant quatre arcs. Une grande partie de sa sculpture a été modifiée.
Si on fait le tour du clocher, on remarque les quatre évangélistes représentés sous leur forme animale. Traditionnellement saint Luc est figuré par le taureau, saint Marc par le lion, l'Ange est associé à saint Mathieu et l'aigle à saint Jean.
L'aigle est non seulement saint Jean l'Evangéliste mais aussi le Rédacteur de l'Apocalypse, car il symbolise la Révélation. L'aigle de Saint-Jean d'Etampes a perdu sa tête...
Quelques corbeilles, corbeaux et métopes sculptés provenant de l'église de la Brède sont conservées au Musée d'Aquitaine, en particulier un Samson chevauchant le lion qui provient vraisemblablement de l'arc triomphal de l'abside, au nord, car à cet emplacement le sculpteur du XIXe siècle s'est efforcé de reproduire le thème du modèle roman.
LEOGNAN
Leo Drouyn visite l'église Saint-Martin de Léognan le 28 avril 1850 et laisse de nombreux dessins de cette église, ainsi qu'une notice archéologique manuscrite de 8 pages, qu'il reprend dans un article publié dans le Bulletin monumental en 1853. Dans l'un de ses Albums il laisse une belle vue de l'abside et écrit à ce propos : «Tai dessiné l'abside de cette église qui, comme on le voit. est assez remarquable» C'est aujourd'hui le seul élément médiéval qui soit parvenu jusqu'à nous. En effet, à partir de 1852, l'église - qui avait servi de temple à la déesse Raison pendant ta Révolution, époque au cours de laquelle la sacristie avait été transformé en prison - a fait l'objet d'une reconstruction presque totale menée par l'architecte J.B Laffargue. Cette «restauration violletleducienne» a donné naissance à une église née-romane reprenant les anciennes dispositions comme à La Bréde.
L'église présente une abside en hémicycle et une travée droite divisée en neuf sections séparées par des pilastres recevant une demi-colonne engagée. Chaque section comporte trois niveaux. A la base du mur, l'appareil régulier est nu jusqu'au cordon. Des baies ou des arcs aveugles occupent l'étage intermédiaire. Plus haut, le mur est renforcé par des arcs qui retombent sur les côtés des pilastres et sur des corbeaux sculptés.
Le décor sculpté de cette abside est un bon témoignage de l'art roman girondin. L'un des chapiteaux de la baie axiale présente un personnage nu «entouré de serpents, deux lui dévorent la tête et deux les flancs, ll cherche avec ses mains à se débarrasser de ces derniers» il s'agit là d'une représentation du châtiment de la luxure. Les maillons soutenant la corniche revêtue de pointes de diamants reçoivent des motifs géométriques, des entrelacs, fleurs et oiseaux. On identifie aussi une sirène à la queue relevée. A l'intérieur, la restauration a été sévère. Seuls quelques chapiteaux romans semblent conservés de part et d'autre des haies, à la retombée de certains arcs.
Plusieurs éléments décoratifs montrent l'importance du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, notamment un baptistère ovoïde décoré de coquilles saint Jacques - thème que l'on retrouve sur l'un des chapiteaux au nord, près de l'autel.
L’ISLE SAINT GEORGES
Dans ce joli dessin le l'Isle Saint-Georges, réalisé le 3 avril 1859, c'est le moulin, aujourd'hui détruit, qui intéresse Léo Drouyn et non l'église elle-même qui vient d'être «restaurée en entier» et dotée d'une flèche néo-gothique «beaucoup trop élevée, selon Léo Drouyn, pour l'église elle-même».
Seule l'abside lui paraît intéressante : «Cette église dont l'abside est romane, paraît avoir été reconstruite au XVI eme siècle ou à la fin du XVeme. L'abside qui s'incurve au nord, est semi-circulaire à contreforts plats qui ne montent pas jusqu'à la corniche, ornée d'un rang de dents de loup et d'un rang de festons. Les modillons sont simples on ornés de fleurs en crosses, de palmettes. de têtes d'animaux qui mordent leurs pattes».
Il note, incrusté au flanc sud du clocher, un bas-relief du XlVeme siècle, provenant peut-être d'un retable de l'ancienne église, montrant saint Georges en train de délivrer la princesse de Silène du Dragon.
Le dessin qu'il nous a laissé est un bon témoignage de son goût pour ce que l'on appelle aujourd'hui le «petit patrimoine», si fragile du fait de son architecture de bois. Le regard «ethnographique» de Léo Drouyn est ici particulièrement évident de par le soin avec lequel il a fouillé la disposition de ce moulin et de ses étages. Certes, le pittoresque de ce lieu lui a plu, mais il y a également, ici, le sentiment très aigu de ce qui va disparaître et dont il doit témoigner par le dessin.
CABANAC
Léo Drouyn a visité l'église Saint Martin de Cabanac le 16 mai 1857 et donne une description de l'ancienne église dans ses notes manuscrites. La façade, la nef, le transept et les trois absides de l'église ont fait l'objet d'une reconstruction complète sous Napoléon III, à partir des années 1865,1866. Seuls certains éléments du chevet roman ont été partiellement remployés. Ainsi ont été préservés à l'extérieur, dans les baies de l'abside principale quelques chapiteaux et au niveau de la corniche, des modillons de l'époque romane, parmi d'autres œuvres qui ont été refaites à l'occasion de la réédification de l'édifice.
A l'époque où Léo Drouyn la visite, elle «se compose d'une seule nef avec choeur et sanctuaire semi-circulaire. Elle est précédée d'un vaste porche qui me paraît du XVeme siècle. On y rentre au nord et au sud par deux grandes portes ogivales et les murs sont percés de meurtrières...». Il décrit la porte principale qui «s'ouvre sous cinq arcs en retrait et en plein cintre. Le premier. le second et le cinquième reposent sur des piédroits, les deux autres sur des colonnes dont les chapiteaux sont peu riches d'ornementation... les arcades sont sans ornements, mais les archivoltes des deux arcs à colonnes sont couvertes, la plus étroite de festons, et l'autre de feuilles à crochets».
Léo Drouyn s'appuie sur l'observation de l'appareillage pour distinguer deux époques de construction : «L'extérieur seul a conservé son caractère, et paraît appartenir à deux époques. La nef et le soubassement de l'abside sont du Xl e siècle. La partie supérieure de l'abside, les fenêtres de la nef au sud et le portail sont du Xll e siècle, la fin. Les portions que j'assigne au Xl e siècles sont bâties en petit appareil, de 10 à 13 cm, avec une couche de mortier entre les pierres. Les contreforts plats et les piédroits des fenêtres sont en pierre de taille... Puis Léo Drouyn décrit la décoration des fenêtres et les modillons de la corniche.
CADAUJAC
Léo Drouyn a dessiné la borne de carrefour, ornée d'un côté d'un bourdon et de deux coquilles, de l'autre de la croix de saint André, qui se trouvait à la limite de la commune de Cadaujac et indiquait aux pèlerins de Saint-Jacques la route à suivre. Cette pierre est aujourd'hui devant l'église de la commune, que Drouyn semble n'avoir ni dessinée ni commentée.
L'église Saint-Pierre de Cadaujac est une église à trois nefs, comme à Villenave d'Ornon. La raison d'une telle construction est sans doute due à la situation géographique des deux églises, établies sur un chemin très fréquenté de Saint-Jacques de Compostelle. Le chevet primitif se compose de trois absides dont celle du centre est plus haute et plus profonde que les deux autres. Les absidioles sont attenantes à l'abside principale par un mur commun. Ce type de chevet se retrouve également à Léognan et à La Brède. Les contreforts plats, d'étroites fenêtres, des corniches soutenues par des modillons renvoient à l'époque romane.
L'église a connu deux époques principales de construction : l'époque romane avec la construction de l'église au Xle siècle et des modifications au Xlle siècle, puis une grande période de «restauration» (c'est-à-dire de reconstruction) au XlXe siècle, lorsque le cardinal Donnet était archevêque de Bordeaux. L'élévation du clocher flèche date de cette dernière époque. Vers 1877, le choeur fut peint, des décors furent réalisés sur plâtre et des vitraux furent posés. A Cadaujac. la majorité des chapiteaux datent du XIXe siècle, même si on ne sait pas exactement si ce sont des copies d'anciens chapiteaux romans, trop abîmés pour être conservés eu si ce sont des chapiteaux romans très restaurés. Il y eut cependant un véritable souci, de la part des artistes du XlXeme siècle de réaliser des oeuvres les plus proches possibles de l'esprit roman, du moins en ce qui concerne l'iconographie.
CASTRES
Lorsque Léo Drouyn visite l'église Saint-Martin, le 2 décembre 1855 il note seulement qu'elle «se compose d'une nef jadis romane et d'un bas-côté au sud du XVe siècle». Arrivant le soir, «faisant trop nuit pour en bien distinguer l'inférieur», il ne distingue « qu'un arc triomphal reposant sur chapiteaux romans et (séparant) la nef du chœur » et des tableaux accrochés aux murailles de la nef qui provenaient selon le curé, de l'abbaye de la Sauve Majeure. Ils n'y sont plus aujourd'hui mais les deux colonnes romanes existent encore portant deux magnifiques chapiteaux sculptés : celui de gauche représente des animaux et celui de droite des personnages.
L'église construite au Xle siècle sur une motte qui domine le vieux quartier du port, est composée aujourd'hui de trois nefs voûtées d'arrêtes et terminée par une abside et deux absidiales en cul de four. L'abside de la petite église, de pur style roman, conservée jusqu'à nos jours, dévoile les trois phases de sa construction grâce aux types de matériaux utilisés successivement : petites pierres taillées, pierres de taille, moellons. Au XIXe siècle, lorsqu'il fallut reconstruire l'église, on ne conserva de l'ancienne construction que cette abside et son absidiole nord et on transforma l'édifice en une église néo-gothique dotée d'un clocher. Cette reconstruction date de 1867.
Dans l'ancienne église, il existait au dessus du porche, à l'intérieur, une sorte de balcon ou de tribune que l'on peut encore voir dans les églises des Landes, balcon en bois soutenu par deux colonnes en pierre. On y accédait par le petit escalier qui menait au clocher. La voie d'accès au premier étage a été remplacée de nos jours par une fenêtre.
En 1998, l'association de restauration et sauvegarde de l'église Saint-Martin a découvert des toiles du XVlle siècle dans les caves de l'ancien presbytére. Ces toiles feraient partie d'un important lot de dix-neuf toiles commandées au peintre Crafft par le duc d'Epernon en date du 13 août 1636 et destinées à la décoration de la chapelle du château d'Epernon et à l'ornement de l'ancienne église de Cadillac, détruite aujourd'hui et ou se trouve l'actuel cimetière. Elles sont aujourd'hui visibles à la mairie sur demande
SAINT MORILLON
Léo Drouyn a visité l'église le 14 mai 1857 et a laissé une description précise de l'édifice. «Le plan actuel de cette église, dit-il, se compose d'une nef précédée d'un porche, et suivie d'une abside à pans coupés extérieurement, et semi-circulaire à l'intérieur». Les parties les plus anciennes de l'église sont concentrées sur l'abside datant de la fin du Xlle siècle comme l'a bien vu Drouyn qui constate que «le corps de l'église et l'abside sont romans». Cette partie est particulièrement élégante en raison de l'équilibre des formes et de la qualité de l'appareillage. La sculpture présente à l'extérieur, sur la corniche de l'abside, quelques beaux modillons du Xlle siècle ornés de motifs floraux, géométriques, alternant avec des animaux curieux et des personnages acrobates.
Pour M. Gaborit, «il est probable qu'en suivant la construcfion de l'abside, on avait déjà prévu deux chapelles latérales en position de bras de transept. En effet, tes murs bien appareillés de la chapelle nord, avec leurs contreforts d'angle encore romans l'attestent, ainsi que le mur oriental de la chapelle sud construit à l'identique». Celui-ci est percé, dit Drouyn. «d'une petite fenêtre ogivale en meurtrière» du Xllle siècle, Pour des raisons inconnues, la construction fut lente. La chapelle nord fut voûtée d'ogives au Xllle siècle et celle du sud achevée au XIVe, époque où on refit la porte occidentale et peut-être le clocher. Plus tard, au XVIII e , on créa les deux bas-côtés et probablement le porche.
D'après les dessins de Léo Drouyn, il existait à la hauteur des cloches un balcon en bois à l'orient et à l'occident recouvert d'une toiture. Son soutènement par des madriers verticaux posés sur des corbeaux lui donne l'explication de la présence, ailleurs, de corbeaux du même type que ceux de St Morillon. On peut encore trouver ce type de construction à l'église de Belhade ou encore sur les deux églises de Moustey dans les Landes.
Saint Roch est à l'honneur à Saint-Morillon, où un sous-verre abrite la bannière de la Confrérie de saint Roch, fondée pendant les épidémies de peste de 1547. L'autel du bas-côté sud est dédié à ce saint et un tableau, daté de 1722 et signé Sibon, restauré par les Beaux-Arts en 1975, représente un très beau saint Roch accompagné du chien tenant le pain dans sa gueule.
BEAUTIRAN
Léo Drouyn a visité l'église Saint-Michel le 3 avril 1859 et en a reproduit un détail dans ses Notes archéologiques. L'église se compose, dit-il, «d'une nef terminée à l'orient par une abside semi-circulaire, et de deux bas-côtés ayant également chacun leur abside semi-circulaire orientale, des contreforts plats soutiennent ces absides ainsi que les flancs du bas-côté». Elle ne comporte pas de transept ce qui lui confère un aspect «ramassé». Les trois absides sont voûtées en cul de four et le reste de l'édifice en ogives. Pour Léo Drouyn. «il est facile de voir à la disposition des piliers que l'église romane avait trois nefs» (ou prévoyait de les avoir).
D'après l'observation de l'appareil de l'abside, on peut déduire que cette partie de l'édifice date de la fin du Xle début du Xlle siècle. Le reste de l'édifice a subi de nombreuses modifications postérieures mais a conservé son portail roman occidental. A la jonction de l'abside et de la nef se trouve un petit clocheton qui date peut-être du XV e siècle. L'église comporte une très belle façade à deux étages caractéristique du style roman avec en bas «une porte en plein cintre s'ouvrant sous quatre arcs de même forme et en retrait, accompagnée de deux ports feintes également en plein cintre», avec, au dessus, des arcatures «surmontées de deux corniches ruinées soutenues par des modillons frustres».
Des motifs sculptés sont placés sur les modillons qui courent le long des deux frises et qui évoquent d'une façon imagée l'Eucharistie, la Vierge Marie ou des symboles religieux. Tous ces modillons ont été restaurés par Alaux en 1864. Enfin, sur la corniche du chevet, les maillons sculptés présentent deux cloches, des têtes d'animaux (cochon et chien), un poisson porté sur des épaules, une croix en sautoir, deux serpents entrelacés, une fleur à quatre pétales et divers dessins géométriques : damiers, stries, palmettes. Le clocher érigé en 1884, de forme ovoïde, a été choisi par les habitants pour l'architecte Gustave Alaux, L'intérieur de l'église, restauré en 1953, dévoile un sanctuaire dépouillé d'ornements du XIXe siècle.
MARTILLAC
Léo Drouyn a visité l'église le 22 août 1857, et en fait une longue description de 6 pages dans ses Notes archéologiques .Seule l'abside principale, classée en 1845, est encore en place. Un clocher a été rajouté dès 1860.Quand il la visite, «son plan ne se compose plus que du transept et de trois absides. La nef n'a jamais existé ou a été démolie au commencement du XVléme siècle. Il me parait probable que cette église aura
beaucoup souffert à l'époque des guerres de Religion, on a démoli la nef et bâti un mur à l'ouest du transept pour clore le monument» .Il remarque l'ampleur inhabituelle du transept sur lequel se greffent trois absides éloignées les unes des autres, «On voit, dit-il, que les absidioles sont distinctes de la grande abside et en sont complètement séparées». Il est probable qu'il existait à l'origine une grande église en moellons datant du Xle siècle dont les restes sont conservés sur !'abside. L'abside axiale est «divisée en deux étages par un bandeau et couronnée par une corniche avec modillons, Elle est éclairée par trois fenêtres, une seule est conservée intacte, c'est celle du milieu à l'orient». Le bandeau est entaillé d'échancrures carrées qu'il dessine. A l'intérieur, dit Drouyn, «il n'y a réellement d'intéressant que la grande abside. Le chœur est voûté en berceau et le sanctuaire en cul-de-four; cependant ces deux parties ne sont pas séparées par un arc comme cela arrive ordinairement. Les voûtes reposent sur un bandeau orné de billettes en échiquier, le premier étage est orné d'une arcature en plein cintre composé de onze arcs sur colonnettes et pilastres. Les colonnes seules ont des chapiteaux, les pilastres au nombre de quatre n'en ont pas»
Parmi ces chapiteaux, Léo Drouyn avait remarqué celui qui, au nord de la travée droite, montre le mal sous la forme d'animaux monstrueux on peut apercevoir au milieu des volutes, un crapaud, les pattes étendues et dont les flancs sont dévorés par deux serpents ailés. Un chapiteau représente la punition des péchés, peut-être l'avarice sous la forme d'un moine dont le cou est entouré par une corde tandis qu'un serpent s'ennuie auteur d'un second personnage. Un autre montre des lions bicorporés crachant des rinceaux. Sur le troisième on retrouve le symbole eucharistique des oiseaux picorant des grappes de raisins placés aux angles. Certains de ces chapiteaux datent du second quart ou milieu du Xlle siècle et sont proches de ceux de l'église d'lllats.