Visite des quatorze églises du canton de La Brède par A M et J C Caron

 

Ces textes sont issus du livre écrit par Anne Marie et Jean Claude Caron en 1996;

voir intégralité de l'ouvrage

Ayguemorte-les-Graves :

L'EGLISE : Nous avons recueilli des informations intéressantes sur l'origine de son nom. Il s'agit en fait de Saint Clément de Comma : mot gallo-romain signifiant "lieu humide, marécageux" - Ce fut d'abord une petite chapelle, bâtie vers le douzième siècle, entourée de son cimetière, avec un petit bourg, au lieu-dit "Ayguemorte"; c'est à cet endroit que se trouve le cimetière de nos jours.

Des fouilles ont été entreprises en 1984 dans le cimetière, une SEPULTURE fut mise à jour "antérieure à 1847, car hors des limites du cimetière de cette époque", "il s'agit d'une tombe chrétienne du bas Moyen-Age" (Bull.Municipal). Ces fouilles n'ont pas permis d'établir si le site avait servi d'habitat avant l'époque mérovingienne mais elles ont rapporté, outre le tombeau, d'autres éléments tangibles : des fragments de sarcophages mérovingiens, des fragments de céramique et de tégulae, des monnaies du troisième siècle... Et plus intéressant encore, les bases d'une EGLISE du TREIZIEME SIECLE. Peut-on supposer qu'il s'agit des restes de l'ancienne chapelle Saint Clément de Comma ? Probablement oui. Un regret toutefois, rien de tout cela n'est visible sur place. D'après certaines sources, des anneaux de fer fixés dans le mur de l'ancien cimetière servaient à attacher les bateaux. Ces anneaux ne sont plus visibles de nos jours mais nous pouvons imaginer aussi qu'ils servaient seulement à attacher les chevaux, seuls moyens de locomotion utilisés jadis...

L'EGLISE ACTUELLE bâtie au dix-neuvième siècle possède un CLOCHER-MUR ; l’intérieur est d'un aménagement inhabituel, avec des ARCADES BOMBEES ; seul le VITRAIL du CHOEUR a un intérêt, par sa représentation de Saint Clément de Comma. Cette église a subi d'énormes dégâts par le travail acharné des capricornes, mais une restauration d'envergure a été entreprise, permettant à ce petit village d'avoir un ensemble architectural agréable à l'œil.

 

 

 

Beautiran

L'EGLISE du 12e siècle, dédicacée à St Michel, possède quatre panneaux en bois sculptés représentant les quatre évangélistes, ces panneaux qui décoraient anciennement une chaire sont très beaux mais assez vermoulus. Le font baptismal est en marbre rouge, veiné de blanc. Il fut offert par le duc d'EPERNON ou, d'après une autre version, il fut sculpté dans un élément de la chapelle du château de Cadillac. L'intérieur de l'église est de style roman, avec des piliers dont les chapiteaux sont ornés de très beaux motifs en entrelacs. Le bâtiment est entretenu avec peu de moyens, il nous a été confirmé qu'une restauration intérieure avait été effectuée en 1950. L'extérieur quant à lui a été restauré en 1868 par l'architecte GUSTAVE ALAUX (à qui l’on doit les restaurations des églises de La Brède et de Saint-Médard d’Eyrans), il comporte un portail dont l'archivolte est décorée sobrement de cul-de-lampes. On peut y voir quelques symboles sculptés comme un chandelier, trois barriques, des gerbes de blé, des roses... Le clocher, de style saintongeais, qui donne à l'ensemble un bon équilibre n’est pas du tout dans le style de l’architecte Alaux, il faut y voir l’intervention ou l’influence de l’architecte Abadie, maître d’œuvre du Sacré Cœur à Montmartre et restaurateur de la flèche Saint-Michel à Bordeaux. Saluons la bonne initiative de l'association d'ANIMATION PAROISSIALE qui ouvre les portes de l'édifice tous les après-midis de 14 à 16h, ce qui permet de l'aérer et ainsi de lutter contre l'ennemi le plus pernicieux, l'humidité. Et puis, trouver une église ouverte tous les jours est une chose si rare dans nos campagnes aujourd'hui qu'il convenait de le souligner; cette église mérite bien une visite. (remarque SIGM : ce n'est plus le cas en 2008) .

 

 

 

Cabanac et Villagrains

L'EGLISE de Cabanac est située sur une petite motte au coeur du village, elle surplombe le lavoir qui est alimenté par une source d'eau potable où beaucoup de personnes viennent encore se ravitailler en eau car elle est, paraît-il, fraîche et légère. Il y a d'ailleurs beaucoup de sources autour de Cabanac, certaines ferrugineuses nous affirme-t-on. Cet ensemble lavoir et église est très plaisant au regard. Si le clocher et le devant de l'église datent du 19e siècle, l'arrière semble beaucoup plus ancien, le chevet de style roman est orné de très belles sculptures et les chapiteaux des colonnes sont remarquables. Cette partie de l'église aurait été construite avec les pierres récupérées de l'ancienne église du vieux bourg de Villagrains (mais à la mairie on nous dit qu'il n'existe aucune preuve qu'il y ait eu une église au vieux bourg, malgré les recherches entreprises). De nos jours cet édifice a subi une importante restauration, du clocher notamment, une plaque apposée à droite du portail d'entrée nous donne des précisions, elle a été restaurée en juin 1990, par l'architecte MORIN, Monsieur ATTANE étant maire. L'entrée du transept droit donne un aspect plus ancien, l'intérêt architectural du bâtiment est indéniable.Une personne possédant les clefs nous fait visiter avec beaucoup d'amabilité. L'intérieur est propre, bien entretenu, tout blanc, au sol un carrelage ancien rouge et blanc, il s'agit de carrelage de Gironde (remarque SIGM : Gironde est un village où se fabriquait ce genre de carreaux , posés ensuite sur lit de sable). L'escalier de bois du clocher a été entièrement refait à neuf, par contre des boiseries anciennes subsistent dans la sacristie, très belles mais malheureusement bien vermoulues. "Elles ont pourtant été traitées récemment" regrette notre guide qui nous fait remarquer la porte de la sacristie, en bon état, avec ses sept centimètres d'épaisseur et ses vieilles ferrures.

Les vitraux sont magnifiques, quatre d'entre eux sont signés J. VILLIET et sont un don du Marquis de LUR-SALUCES, datés de 1867. L'un d'eux, à droite de l'autel, représente une scène de chasse, un Saint Hubert aux merveilleuses couleurs. Nous remarquons dans la petite chapelle de gauche une plaque à la mémoire de Monsieur P. BOMPANT, décédé en 1831, "bienfaiteur des pauvres", qui fit des dons pour réparer l'église et construire le Maître-Autel.

Une sculpture représentant Saint Martin, auquel l'église est dédiée, figure sur une voûte près de l'entrée, sur une autre la date de la restauration, 1866. En sortant notre guide nous désigne une maison derrière l'église comme étant l'ancien presbytère et nous signale que sa propre demeure à gauche, était autrefois une école religieuse tenue par les soeurs de la "Doctrine Chrétienne" qui vivaient là. Les deux bâtiments n'ont aucun caractère particulier.

 

 

L'église de Villagrains est dédiée à Saint Jean. Cette église est petite mais très jolie, de construction assez récente, son plafond présente l'originalité d'être tout en lambris, l'intérieur est très simple, un joli vitrail rond au-dessus de l'autel représentant Saint Jean, le même carrelage rouge et blanc qu'à Cabanac. A droite de l'entrée contre le mur on remarque une belle sculpture en pierre, une "Piéta" qui semble ancienne, ainsi qu'un bénitier également en pierre de même époque apparemment, la Piéta est assez abîmée. A ce sujet, on nous a dit à Cabanac que cette statuette, malgré les apparences, datait du 19e siècle alors qu'un conseiller municipal de Villagrains nous affirma qu'elle était ancienne, comme le bénitier, récupérée de l'église du vieux bourg, ainsi que la cloche du 16e. Nous pouvons dire en tout cas, et quel que soit son âge, que c'est une pièce intéressante et que la petite église de Villagrains mérite une visite.

 

 

 

Cadaujac

 

Pour visiter l'église il faut demander la clef au presbytère qui est une jolie demeure du XVIIIè siècle avec un charmant jardin au milieu duquel on peut voir l'ancien bénitier de l'église, du XIVe, et qui mérite un coup d'œil attentif.

L'église est parmi les plus anciennes de la région, avec celles de Beautiran, St Médard et Villenave, elles sont situées en bordure de l'ancienne voie romaine. Celle de Cadaujac est romane, du XIè siècle, de cette époque il ne reste que l'abside et deux absidioles mais la restauration a été bien faite et a copié heureusement le style ancien, ce qui fait que le bâtiment a gardé tout son cachet. Le clocher, dont on ne trouve mention qu'en 1450, était triangulaire, l'église a été agrandie au XVIIIe, on y ajouta les bas-côtés et de cette époque datent les statues en bois de la Vierge et du Bon Pasteur que l'on peut voir de nos jours. Après la révolution elle était presque en ruine et a du subir une restauration d'envergure au XIXe siècle, ce qui n'a rien d'exceptionnel, le clocher actuel date de cette époque, il a été reconstruit deux fois. Pendant ces travaux, vers 1857, on déplaça le cimetière, qui était autour de l'église et c'est ainsi que l'on découvrit des sarcophages mérovingiens, preuve supplémentaire de l'ancienneté de l'habitat cadaujacais. Si on regarde sur le côté gauche, devant l'église, on voit un autre vestige du passé de Cadaujac, il s'agit d'une BORNE du CHEMIN DE COMPOSTELLE, placée là en 1967 par le curé du village l'Abbé ABRARD et le Maire Monsieur de SIGOYER, afin de la protéger de la destruction. Cette Borne a un très grand intérêt car elle est la preuve de l'emplacement d'un passage emprunté par les pèlerins. Elle a été trouvée au DOMAINE du DROIT, à 100m de la Garonne, les pèlerins qui arrivaient de La SAUVE MAJEURE traversaient, grâce à un passeur, à hauteur de Quinsac, pouvaient transiter par l'ILE de LALANDE et débarquer au port de LAUROUMEY à Cadaujac. Lauroumey peut venir de "roumieux" ou "roumi", premier nom donné aux pèlerins de Rome puis par extension à ceux de Jérusalem et Compostelle. Certains anciens du village prétendent qu'autrefois, avant que les prélèvements de grave n'en ait creusé le lit, on pouvait traverser à gué, selon les marées bien sûr, à hauteur de Cadaujac, cela ne semble pas impossible.

 

 

 

Castres-Gironde

L'église domine ce vieux quartier du port. Dans la chapelle de droite, notre regard est attiré par une grande toile peinte à l'huile . Le tableau représente la Sainte Famille mais il nous a été impossible de lire la signature, la tradition veut que ce soit celle de Lépicier, peintre du XVIIIe siècle et nous n'avons pu apprendre qui en avait fait don à l'église, quand et en quelle occasion. Le chemin de croix est intéressant, il s'agit de peinture sur métal, signé D. MAILLURS . Les vitraux sont sans motifs figuratifs hormis ceux du chœur qui sont signés DAGRAND, 1881 . Nous remarquons particulièrement à gauche Ste Anne d'AURAY et à droite, lui faisant face, St Yves . Dans le chœur toujours deux magnifiques chapiteaux sculptés qui semblent fort anciens, celui de gauche représente des animaux et celui de droite des personnages . Les autres chapiteaux présentent des motifs de fruits, de feuillages ou de simples formes en entrelacs . Un carrelage rouge et blanc couvre le sol sur les bas-côtés, au centre de la nef le dallage est différent il paraît plus vieux, on ne discerne plus la couleur d'origine . Sur le côté droit nous remarquons un petit orgue ancien qui sert de plus en plus rarement, nous dit-on . C'est une belle église qui a été assez bien entretenue toutefois elle possède une importante fissure dans une petite chapelle latérale, à gauche . Un regret, personne n'a semblé en mesure de nous fournir un historique précis de l'église, peut-être qu'un petit fascicule en retraçant les grandes lignes, et déposé à l'entrée de l'église, aiderait à satisfaire la curiosité légitime des visiteurs . En sortant de l'édifice, sur notre droite, un grand portail mène au presbytère et là, dans un grand jardin paisible et serein nous pouvons admirer l'abside romane de l'église . Quant à la demeure elle-même, inhabitée bien sûr mais non délabrée, nous remarquons sur son fronton un triangle, les clefs de St Pierre, nous lisons les lettres A.D. Joseph . Aujourd'hui cette demeure sert de salle d'exposition au Salon de peintures de Castres.

 

 

 

Isle-Saint-Georges

L'église d'Isle Saint Georges est fermée pour raison de sécurité publique, depuis plusieurs années, dangereusement fissurée, des pierres se sont déjà détachées de la voûte et elle est en restauration.Cette église est caractérisée par son très haut clocher néogothique, construit au milieu du siècle dernier en remplacement du clocher-mur ancien. A cette époque l'église a été entièrement remaniée, on a agrandi un bas-côté, on en a construit un autre, on rehaussa les murs de la nef et on construisit des voûtes. Que reste-t-il de l'église ancienne ? Les fondations, une partie du dallage du sol fait de grosses pierres, des fragments de murs sur lesquels on voit trace des transformations subies, par exemple sur le mur sud une fenêtre et une petite niche murées. Les pierres de l'ancien édifice ont été remployées, c'est ainsi que l'on peut voir des fragments de pierre blanche et noire incorporés dans le mur extérieur, côté nord. De ce même coté mais plus haut, on peut lire une date : "1640". Tandis que de l'autre côté, en bordure de la route, une inscription gravée dans la pierre intrigue souvent le visiteur : "Sous C'est Arceau Repose Pierre Girard Décédé le 19 9bre 1850 Priez Pour Lui S.V.P." L'explication qui nous en est donnée est simple, en 1850 le cimetière entoure l'église, en 1853 en raison des travaux d'agrandissements de l'église le cimetière est translaté chemin de Ferrand mais le nouveau mur passe juste au-dessus de cette tombe récente et la famille a du s'opposer à la translation. Voilà comment un simple habitant du village fut sauvé de l'oubli ! Au-dessus de la petite porte d'entrée, côté sud, on voit un haut-relief représentant St Georges terrassant le Dragon. Cette sculpture est très ancienne, puisque récupérée sur l'église primitive, elle date du XIVe siècle et on peut remarquer que St Georges porte un casque typique de l'époque de la guerre de cent ans. Elle mériterait d'être sauvegardée et protégée des intempéries et des déprédations à venir, voire un classement par les Monuments Historiques. A l'intérieur de l'église subsistent des peintures du XIXe comme les 12 quadrilobes représentant les 12 apôtres dont certains visages sont d'une grande finesse d'exécution. Nous avons le regret de constater que certains ont été endommagés irrémédiablement par la pose de témoins puis des pièces de bois, lors de l'étaiement d'urgence. Une grande fresque située au-dessus de l'autel, de même époque que les 12 médaillons, n'a semble-t-il pas trop souffert. Il s'agit d'une autre représentation de la légende de St Georges et du Dragon. Le Saint est ici représenté portant un casque ailé, évoquant un casque gaulois. Une autre peinture retient l'attention, elle se trouve sur la porte de la sacristie et se trouve être du XVIe. Il s'agit de la représentation de sainte Catherine, portant une palme et tenant une épée à la main. Les vitraux sont signés du maître verrier Joseph Villiet et datent de 1864. Certains sont très beaux, avec des couleurs franches et lumineuses. Deux d'entre eux représentent l'archange St Michel, souvent assimilé à St Georges. Celui-ci n'est pas oublié, il figure sur un vitrail dans le clocher qui ne porte pas de signature. St Georges y porte un casque qui évoque plus ou moins le bonnet phrygien. St Georges est à la fois le patron de l'église et de tout le village. C'est un saint oriental du IVe siècle. Son nom est tiré de Gé, ou Gaïa, qui était la Terre pour les anciens Grecs et qui représentait l'élément primordial d'où étaient issues les races divines. Il est devenu le patron des agriculteurs, un des patrons de l'Angleterre et celui de très nombreux ordres de chevalerie. Il a donné son nom a une région de l'ex URSS, la Géorgie, où une coutume veut que pour la St Georges le 23 Avril, on habille un jeune homme de branchages verts et on le jette à l'eau (souvent en effigie de nos jours) en rite de purification et de fécondité. Aujourd'hui l'église est vide, son mobilier a été dispersé en différents endroits. Parmi ce mobilier la maquette d'une frégate du XVIIIe siècle, offerte en ex-voto, selon la tradition par le corsaire Charles Cornic, natif de Morlaix mais établi à Montigny. Cet ex voto est visible pour le moment à la Bibliothèque du village. Les vitraux ont été restaurés grâce à l'ARS qui est une Association qui s'est donné pour but de récolter des fonds afin d'aider à la sauvegarde de l'église. Parmi le mobilier il y a quelques pièces anciennes, par exemple deux statues en bois doré du XVIIe siècle qui sont fort belles, elles représentent la Vierge et St Joseph.

Nous terminerons ce chapitre de l'église en signalant qu'en 1959 a été placé à l'entrée du clocher un repère de cuivre qui est un point géodésique servant pour les relevés cartographiques.

 

 

 

 

 

La Brède

Il semble qu'il y a eu à LA BREDE deux églises si on en croit certains documents anciens. L'église actuelle dédiée à St Jean et restaurée au XIXe siècle et une autre petite église ou chapelle romane dont on ignore l'époque de fondation par manque d'archives. Une tradition veut qu'elle ait été fondée par le pape Clément V et elle était dédiée à Sainte Quitterie. Cette petite église existait encore au XVIIIe siècle, quelques rares offices y étaient encore célébrés et elle possédait son propre cimetière.L'église de LA BREDE est dédiée à Saint Jean, mais il semble qu'autrefois elle était placée sous le vocable de Saint Jean-Baptiste. Saint Jean étant vénéré des Templiers qui possédaient une Maison à La Brède le nom des deux saints a pu être confondu. C'est un très beau bâtiment ancien puisque le portail date du XIIe siècle c'est à peu prés tout ce qui subsiste de visible de l'époque romane, une restauration très importante ayant déjà eu lieu au XVIIIe siècle. En effet il a été nécessaire à cette époque d'agrandir l'église devenue trop petite on lui a donc ajouté une nef au sud, on en profita aussi pour reconstruire en brique la vieille voûte de bois et pour surélever l'ancien clocher roman. L'abbé Baurein nous décrit ce clocher carré, avec une charpente pyramidale et fort élevé, et il devait l'être peut-être un peu trop puisqu'il s'est écroulé en 1854. A l'époque de cette première restauration le cimetière entourait l'église, il existe une lithographie de cet ancien édifice signée Auguste BRY. Une autre restauration a eu lieu au XIXe siècle, après la chute du vieux clocher, et comme pour presque toutes les églises de la région. A cette occasion l'ancien maître-autel en bois doré du XVIIe siècle a été placé dans la chapelle du château de La Brède. Au cours de cette restauration l'église a presque été entièrement remaniée et aucun élément n'a pu être classé par les Monuments Historiques, même le portail roman, car certaines sculptures ont du être refaites dans une pierre différente de la pierre d'origine et cela suffit pour empêcher le classement. Malgré tout on peut sans réserve admirer ces sculptures, elles sont très belles. Le clocher a bien sûr été reconstruit mais sa forme est mal adaptée au bâtiment et il est placé au carré du transept ce qui pose certains problèmes.Depuis l'extérieur, si on fait le tour du clocher, on remarque les quatre évangélistes représentés sous leurs formes animales. En effet, traditionnellement Saint Luc est figuré par le Taureau, St Marc par le Lion, l'Ange est associé à Saint Mathieu et l'Aigle à Saint Jean. L'Aigle est non seulement ST Jean l'Evangéliste mais aussi le Rédacteur de l'Apocalypse car il symbolise la Révélation. Signe des temps peut-être, l'Aigle de l'église St Jean de La Brède a perdu sa tête...Nous remarquons quelques beaux vitraux comme ce Saint Hubert très lumineux à droite en entrant, certains sont signés de la maison FEUR et datés de 1896. Les clefs de voûte attirent notre attention, au moins deux d'entre elles datées de 1854, l'une porte gravée l'équerre et le compas, l'autre l'équerre, le fil à plomb et le marteau, les marques de l'architecte G. ALAUX et de l'entrepreneur Robert SEGUIN.De très beaux chapiteaux sont sculptés d'entrelacs, de motifs floraux, de sculptures figuratives aussi, animaux et visages humains. Certains sont abîmés et aucun n'est classé ce qui, encore une fois, n'enlève rien à leur intérêt même si cela rend leur rénovation plus difficile à assumer financièrement. Par contre certaines statues sont classées, nous admirons particulièrement une magnifique Vierge à l'Enfant ainsi qu'une petite statuette du Sacré-Coeur nichée contre un pilier du bas-côté droit.Dans la sacristie nous voyons des tableaux très anciens, en très mauvais état, empilés dans l'attente d'une rénovation qu'on espère prochaine. Ils ont notamment souffert de l'humidité et "au moins dans la sacristie ils sont au sec" nous dit notre guide avec résignation.

 

 

 

 

 

Léognan

 

L'église est ouverte aux visites ce qui est relativement rare,(à vérifier en 2008 ! note du SIGM) deux dames nous accueillent et acceptent aimablement de répondre à nos questions. L'église est dédiée à saint Martin qui est représenté sur un vitrail éclairant le chœur. Les vitraux, estampillés de la Maison FEUR, sont signés J. VILLIET, nous y lisons la date de 1885. Le chœur est de style roman mais il a été restaurée en 1972 par les Beaux-Arts. Nous remarquons sur notre gauche une colonnette torsadée, un Christ en bois doré est au-dessus de l'ancien autel, la statue est très belle et semble ancienne. Il y a aussi des chapiteaux sculptés qui retiennent l'attention. Sur le sol devant l'autel on voit deux colombes entourant un calice. Sur la droite se trouve l'ancienne chapelle Saint Eutrope, on peut y admirer un tabernacle en cuivre rehaussé d'émaux. Il est exposé depuis 1960 et représente des scènes de la vie du Christ. Sur la gauche se trouve l'autel de la Vierge, c'est le seul côté de l'église qui est encore peint, deux médaillons attirent le regard par la finesse d'exécution des portraits qui y sont peints, une date est lisible : 1927. L'autel lui-même est en marbre blanc alors que les deux bénitiers près de l'entrée, sont en marbre rouge veiné de blanc. Le fond baptismal quant à lui est en pierre gravée ovale.La chaire est couronnée par l'Archange Saint Michel, entourée des quatre évangélistes, qu'on retrouve aussi devant l'autel, encadrant le Christ. Le chemin de croix est peint sur bois, il est de 1883. L'église possède aussi un orgue. Cette église de LEOGNAN est intéressante à visiter, d'ailleurs elle est parfois inscrite dans les circuits touristiques guidés de la région. En sortant de l'église, nous laissons le stade sur notre gauche et nous suivons un chemin qui mène à un ruisseau, un pont l'enjambe, il porte la date de 1922 et marque bien son âge, les rambardes sont cassées. De part et d'autres nous voyons des pierres octogonales qui paraissent être les restes de piliers d'un grand portail, un sentier aussi bucolique que boueux abouti plus loin a une route. Nous prenons quelques photos et revenons sur nos pas. Nous nous retrouvons devant l'église, en face de celle-ci un joli manoir qui semble du XVIIIe siècle mais a été en réalité construit au XIXe et dont le corps de logis principal possède un toit en ardoise se dresse au milieu d'un parc agréable. Il s'agit de la Chartreuse de Belin, en suivant son mur de clôture vers la droite on découvre un petit oratoire avec une jolie Vierge à l'Enfant.

 

 

 

Martillac

L'EGLISE de Martillac est en bon état, ce qui est assez rare dans notre canton pour être signalé. De l'église ancienne il reste le choeur pur roman et classé, les chapiteaux de l'extérieur sont remarquables par leurs ciselures et sur un des murs on distingue encore la trace d'un ancien blason, hélas illisible. Cette église a été en partie reconstruite au XIXe siècle, le clocher néogothique a été construit en 1880, commencé le 21 juillet la dernière pierre de la flèche a été posée le 31 octobre alors qu'Eugène Cornette de Venancourt était maire et Pierre Gerau curé. Une plaque apposée dans l'église honore la mémoire de bienfaiteurs, en 1877 madame Veuve Calmet et en 1899 M. Geraud. Nous ignorons la date de fondation de cette église mais elle est certainement ancienne puisqu'une tradition veut que le sieur de La Lande y ait eu sa place réservée. Avant la Révolution l'église était dédiée à Sainte Quitterie, Vierge d'Aquitaine considérée comme la Sainte patronne de Martillac depuis elle est dédiée à Notre-Dame.

 

 

Saint-Médard d'Eyrans

L'église s'élève sur un tertre à proximité d'un petit ruisseau, le Milan. Ce n'est pas là son emplacement primitif, en effet cette jolie petite église à abside romane a été déplacée puis remontée au début du XVIIe siècle car construite dans la palus elle était trop souvent inondée. Les fondations de cette ancienne église ont été retrouvées en 1785 près d'un vieux moulin. L'église actuelle a depuis été restaurée à plusieurs reprises, notamment au milieu du XVIIIe siècle, en 1850 par l’incontournable Gustave Alaux (La Brède, Beautiran) puis vers 1900, aujourd'hui une restauration est encore nécessaire et débutera sans doute par l'assainissement des fondations. Encore entourée de son cimetière bâti à l'emplacement du vieux cimetière mérovingien, ce qui explique le nombre de sarcophages de pierre découverts alentour, elle a conservé son clocher-mur aux deux cloches apparentes mais malgré tout ne fait l'objet d'aucun classement. Monsieur JM Eygretaud nous fait visiter tout en essayant très aimablement de satisfaire notre curiosité et nous apprenons qu'une tradition veut qu'un souterrain parte de l'église en direction du château d'Eyrans puis vers le marais mais aucune trace n'en a été retrouvée et nous n'en saurons hélas pas plus. Dès l'entrée le regard est immanquablement attiré par le lumineux vitrail du chœur, les vitraux sont datés de 1863. Ce qui frappe aussi c'est l'abondance d'inscriptions lapidaires, ces curieux ex-voto de pierre sont d'ailleurs au centre d'une polémique car le système d'accrochage de certains d'entre eux, en raison de leur poids, donne des signes de faiblesse et dans le projet de rénovation il est envisagé d'en enlever un grand nombre pour revenir à plus de sobriété. Ce projet est loin de plaire à tout le monde et soulève des protestations vives et nourries, il est vrai que ces plaques gravées témoignent d'un passé encore vivant. La décoration murale comporte aussi des céramiques représentant des oiseaux, des fleurs de lys etc…

Dans le chœur ce sont deux colombes entourant un calice qui retiennent le regard, ce style de décoration semble unique dans notre région. Les statues sont encore très nombreuses pourtant beaucoup ont été enlevées et stockées ailleurs pour diverses raisons dont la principale est la sécurité. En effet certaines statues sont descellées, quelques-unes même sont tombées entraînant la fermeture de l'édifice pendant plusieurs mois. Nous remarquons une belle Vierge à l'Enfant, en bois et sur le côté droit un Saint Pierre assis sur un trône, en bronze creux.Il y a aussi un reliquaire, sans doute celui contenant le cœur du marquis de Pontac que nous trouvons mentionné dans certains ouvrages. Enfin il ne faut pas oublier de signaler le grand nombre de blasons dont l'ancien blason de la ville.Dans la sacristie nous remarquons surtout deux anciens vitraux de couleur rouge en forme d'écu. Sur le vitrail de gauche on peut voir un bâton, deux coquilles et deux grenouilles, sur celui de droite un globe et deux grenouilles, on retrouve tous ces éléments sur le blason actuel de Saint-Médard-d'Eyrans. De 1747 à 1772 l'église a subi une très importante restauration car elle commençait à tomber en ruine, c'est de cette époque que date le presbytère. Ce qui n'empêcha pas église et presbytère de se trouver encore en très triste état vers 1830 et il fallut encore restaurer pour qu'un curé puisse être nommé. Ce nouveau curé était un ancien franciscain espagnol, Martin Merino, qui n'a pas sans doute rempli exactement sa mission puisqu'il fut interdit en 1840. Revenu dans son pays le deux février 1852 il attentat à la vie de la reine d'Espagne en la blessant d'un coup de poignard, il fut très rapidement jugé et exécuté cinq jours plus tard.Il y a une autre anecdote concernant cette église : pendant une période troublée, la Révolution, on a fait cuire un bœuf entier dedans, cet incident est encore relaté par des Saint-Médardais qui, allez savoir pourquoi, restent volontairement dans le flou quant au nom des participants.

 

 

 

 

 

 

Saint-Morillon

 

L'église a, semble-t-il, été toujours entretenue. Cette église est très jolie, elle a conservé son caractère roman du XIIe siècle à abside octogonale demi-circulaire à l'intérieur, elle a été agrandie aux XIVe et XVe siècle par ajout de bas-côtés. Le clocher est un clocher-mur avec deux cloches apparentes. L'église, comme la plupart des églises de la région, est fermée et c'est à la mairie que nous demandons la clef pour la visiter, nous sommes restés environ trois-quarts d'heure dedans et pendant ce temps un jeune couple et son bébé puis un moment après trois petits garçons du village sont entrés à leur tour. Peut-être qu'ouvrir les églises quelques après-midis par semaine serait une bonne idée, cela permettrait de les aérer régulièrement et surtout aux gens de découvrir, ou redécouvrir, ce qui est une part de leur patrimoine ? Le porche de celle de Saint-Morillon date du XIVe siècle, à droite il y a une pierre tombale, celle de "Simon de Brassens, curé de Saint-Morillon, restaurateur de l'église", une date : "5 juin MDCCCXXII "(1822). Sur la gauche il y a une autre pierre tombale identique à la première mais l'inscription est illisible, à peine discernables les mots "décédé" et "ci-gît". L'historique affiché à la porte nous apprend que c'est le frère du curé Brassens, chevalier de Saint Denis, qui repose là. Dès notre entrée notre regard est attiré vers la gauche par deux grands tableaux, le premier représente "l'Apothéose de Saint Maurille", peint par Fournier d'après une œuvre de Le Brun, le second tableau nous le reconnaissons aussitôt, daté de 1903-1904 il est signé Rigaud et ressemble à celui de la mairie représentant la scène religieuse à cette différence que la procession à l'air de revenir de l'église au lieu de se diriger vers elle. Il est regrettable que le tableau "L'apothéose de Saint Maurille" soit en si mauvais état, en effet il est troué et c'est dommage… Nous admirons une magnifique Vierge à l'Enfant en bois doré, vraisemblablement du XVe siècle, elle est vraiment très belle, la Vierge porte une coiffure un peu inhabituelle, ni couronne ni voile, simplement ses cheveux nattés autour de la tête. Il s'agit d'une des plus anciennes statues du diocèse. L'autel principal est d'époque Louis XV. L'autel du bas-côté de droite est dédié à Saint Roch, cet autel baroque italien date de 1828 mais le retable doré, signé Fournier le peintre de "l'Apothéose", est du XVIIIe siècle et un tableau, daté de 1722 et signé Sibon, représente un très beau Saint-Roch accompagné du chien tenant le pain dans sa gueule. Sur la gauche du tableau on peut voir les armoiries du donateur avec la devise " Vis in Cruce ". Ce tableau a été restauré par les Beaux-Arts en 1975. A droite de l'autel il y a une statue du même Saint, le chien est là identifiant St Roch mais la présence des coquilles de Compostelle font penser à St Jacques. Nous relevons un détail amusant : sur le tableau le Saint porte une blessure à la cuisse droite, sur la statue c'est au genou gauche... Saint Roch est décidément à l'honneur à Saint Morillon car sur le mur de droite un sous-verre abrite la bannière de la Confrérie de Saint Roch qui a été fondée pendant les épidémies de peste de 1547. Sur ce même mur mais tout au fond de l'église se trouve les armoiries de la famille de La Litre de Montesquieu, seigneur de Saint-Morillon. Ces armoiries sont en très mauvais état et illisibles. Nous arrivons à peine à discerner deux coquilles et un croissant de lune. Enfin derrière la porte d'entrée, à droite en entrant, une petite cache dont les portes en bois portent des armoiries eucharistiques, on distingue en effet des rosaces, un calice avec l'hostie, cela abritait autrefois la Sainte Réserve quand il n'y avait pas de tabernacle.

 

 

Saint- Selve

 

L’église Saint Sévère s’élève sur la place Saint Antoine, c’est un édifice récent puisqu’il date de la première moitié du XVIIIe siècle, la date de 1736 figure sur le clocher mais une partie au moins du chœur aurait un siècle ou deux d’existence de plus. Cette église en remplace une plus ancienne et plus petite qui était située au même endroit entourée de son cimetière, lequel fut transféré en dehors du village vers 1870. Il est vraisemblable que la vieille église n’a pas été entièrement rasée et que la nouvelle a été construite sur ses fondations, en tous cas en 1898 la voûte menaçait ruine et dut subir une sérieuse restauration. La tradition veut qu’au début du siècle le Père Charles de Foucault y soit venu souvent prier, lors de séjours chez des parents habitant la région.

Deux statues de saints ornent la façade, Saint Antoine reconnaissable à son pourceau, un des protecteurs de Saint Selve depuis la création de l’hospice de la Palomeyre, le second est Saint Laurent dont une relique était conservée à la Palomeyre, le reliquaire était un bras en métal. L’église a l’air saine et en bon état, il n’y a pas de fissures apparentes, les murs ont été blanchis vers 1960 lors de la rénovation-modernisation. Les vitraux du XIXe siècle sont signés Dagrand, nous remarquons un autel de marbre, don de Mme d’Eichthal propriétaire du château Razens au début de notre siècle.

Quand on pénètre dans l’église l'œil est tout de suite attiré par un très grand tableau accroché sur le mur d’en face. (remarque SIGM, ce tableau a été déplacé vers la chapelle Saint Genès à Bordeaux en 2006). Il s’agit d’une copie de la Cène de Léonard de Vinci qui a été réalisée en juillet 1993 lors du festival organisé par la commune de Saint Selve. Ce tableau est bien mis en valeur, c’est une huile sur bois formée de quatre panneaux, œuvre peinte par les participants d’un stage de peinture de « l’Atelier Art et Image », la personnalité des divers peintres s’exprime par des styles différents ce qui provoque un effet curieux mais très intéressant. Mme Tina DEGAS était le professeur de ce stage, nous avons relevé quelques noms de peintres : D. Galland, M. Quintard, D. Jailly etc, parmi ces noms nous avons eu le plaisir de reconnaître celui d’une de nos concitoyennes, Mme Claude Fichet, artiste Lilaise.

 

Saucats

 

L’église Saint Pierre, entourée du cimetière, est en forme de croix latine . C’est une église romane presque entièrement restaurée au XIXe siècle mais qui a conservé de l’époque ancienne quelques belles pièces sculptées en haut du chevet, sur l’une d’elles on reconnaît une croix de Malte. Le bâtiment semble en bon état sauf quelques traces d’humidité sur le bas des murs où du ciment s’écaille un peu et des lézardes au-dessus de la petite porte, rien de grave apparemment. Les vitraux sont non figuratifs, motifs de chevrons ou de damiers hormis celui de la petite chapelle de droite représentant le roi Saint Louis et celui de la chapelle de la Vierge représentant Saint André, nous n’avons pas vu de signature. Notre attention est attirée par le chemin de croix peint à l’huile sur toile, d’une belle facture. Il y a aussi un tableau représentant une Mise au Tombeau, là encore aucune signature n’est visible. Dans le chœur une fresque murale signée JERRAL - 1897 est peinte sur plâtre- cette fresque est encadrée de deux macarons représentant les clefs entrecroisées de Saint Pierre. Au-dessus de l’autel nous remarquons un beau retable du XVIIIe siècle, sans doute classé, les parties peintes sont encadrées par deux colonnes torsadées, de chaque côté se trouvent les statues de Saint Pierre (à gauche) et de Saint Paul (à droite). L’autel est un coffrage de bois et plâtre imitant le marbre. Quand on remonte la nef on remarque à l’angle de l’aile gauche l’emplacement de l’ancienne chaire, les marches du petit escalier sont toujours en place. L’autel de cette aile gauche est dédié à la Vierge, on y voit une jolie Vierge à l’Enfant, l’autel latéral droit est dédié à l’Archange Saint Michel représenté par une belle statue en plâtre doré. Les plafonds de ces deux chapelles latérales ainsi que celui du chœur ont conservé leur ancienne peinture bleu étoilé alors que celui de la nef est simplement blanc.

 

 

 

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