Beautiran : histoire du Château Le Tuquet, menacé par la LGV, par MT Ragon et F Durand

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  Marie-Thérèse Ragon et Frédéric Durand

 

 

 

 

 

carte postale ancienne

 

 

 

 

carte postale d'après tableau de Julien Arlaud

 

à télécharger sur DROPBOX  photos de la chapelle du Tuquet par Harvey Morgan président de AVEC 33 Allons voir l'église d'à côté en Gironde 

 

 Le Tuquet et son vignoble figurent déjà sur les cartes royales de Belleyme au début du XVIIIème siècle, ce qui prouverait qu'un plus ancien bâtiment existait déjà à cette époque, construit sur un petit monticule d'où son nom, vieux français signifiant petite hauteur.

Les terres s'étendent du Nord au Sud entre l'ancienne route de Bordeaux à Langon et la D1 de Castres-Gironde à Saint-Selve. Au centre, le groupe des constructions domine la vallée du Gât-Mort. Un portail monumental de style néo-classique donne accès à une allée à travers les vignes qui conduit à un second noble portail en fer forgé de même style. Ce dernier ouvre sur une cour devant le logis à l'arrière duquel un parc aux massifs bien ordonnés possède des vestiges de fossés visibles de chaque côté de l'entrée. Au fond du parc se trouve un petit lac : une retenue d'eau en avant du Gât-Mort. Une petite chapelle du début du XVIIIème siècle, sur la gauche de l'entrée, sert d'entrepôt. Ses fenêtres et ses vitraux du côté Sud furent restaurés au XIXème siècle. Une imposante cour sur le côté ouest est bordée de nombreux chais. Les premiers communs doivent dater du XVIème siècle ou du début du XVIIIème siècle, puis ils furent agrandis au XIXème siècle.

La chartreuse fut construite vers 1730 dans le style néo-classique de l'époque. La façade sud, embellie par Victor Louis vers le milieu du XVIIIème siècle, comporte un escalier à double volée donnant sur une terrasse. La toiture est agrémentée de 4 chatières. Au nord, un petit escalier-perron est d'un style différent. La toiture est surmontée de trois chatières, ce qui crée un léger déséquilibre. Les œil-de-bœuf pourraient provenir des mansardes du premier bâtiment.

Une lettre du 16 Messidor An II nous apprend que le château appartenait alors à Elisabeth Sterlin, veuve d'Ignace André Boudin, homme de loi condamné à mort le 15 Nivôse An II (Archives Départementales, Q 1550). La famille Boudin était très puissante et c'est certainement un de ses membres qui a fait construire la demeure. Elle possédait également la métairie du Rocher sur la commune de Castres-Gironde. Confisqué comme bien national, il est confié à un fermier puis revint à sa propriétaire à partir de l'An II. La propriété comprend alors une « superbe maison de maître, bâtiments, 151 journaux 10 règes dont 90 journaux 21 règes de vignes ».

En 1840, Monsieur Davezies, propriétaire du domaine, récoltait 25 à 30 tonneaux de vin. Puis Monsieur de Sarraud en 1869 en produisait de 60 à 80.

280px-Dominique_Ingres_-_Mme_Moitessier_frDans les années 1880, il est acquis par la famille Moitessier, dont Inès Moitessier, née de Foucauld de Pontbriant est restée connue par une série de portraits peints par Dominique Ingres. Elle était la fille d'un haut fonctionnaire, l'épouse d'un riche banquier du Second Empire et la tante de Charles de Foucauld, qui séjourna au Tuquet à plusieurs reprises avant son départ pour le Maroc. (ci-contre Inès Moitessier; par Ingres)

C'est sûrement cette famille qui fait édifier la partie Nord du cuvier, les bâtiments orientaux des communs et les deux chalets aujourd'hui disparus qui encadraient le grand portail. Il fut également la maison natale de l'écrivain universitaire René Pomeau (20 février 1917-26 février 2000), propriété de son aïeule maternelle, où sa mère avait trouvé abri tant que son mari demeurait au front. Des deux côtés, paternel et maternel, sa famille était originaire du même bourg d'Anjou, Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire).

Résistant, il fut l'un des fondateurs de "la Charente libre"  à la Libération. Il demeure un des grands spécialistes de Voltaire et des écrivains des Lumières. C'est en 1931 que sa grand-mère vend Le Tuquet.
Il a appartenu ensuite à une grande maison du négoce bordelais, les Cordier.

Il fut racheté en 1963 par la famille Ragon, dont Paul et sa fille Alice de La Haye sont actuellement propriétaires. Tuquet dispose actuellement de 3 200 hl de cuverie inox , avec thermorégulation de l'ensemble de la cuverie et climatisation des locaux de stockage. Graves rouge et Graves blanc.

Il est reconnu depuis longtemps comme un des plus importants domaines viticoles de la région des Graves. Dans la première édition du Féret (Ch. Cocks 1868), Le Tuquet est classé premier vin de la commune de Beautiran, ce qui sera confIrmé par les éditions successives jusqu'à aujourd'hui. Guillon en parle en ces termes en 1869: « Le Tuquet dont les vins ne manquent pas de distinction, ont le premier rang dans la commune."

 

Ci-dessous Charles de Foucauld CharlesdeFoucauld1886_fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


CHATEAU LE TUQUET 33640 BEAUTIRAN

Ancien domaine de 120 ha d'un seul tenant, vignoble de 55 ha.
Ensemble architectural remarquable, bâtiments du 16e au 20e siècle, chartreuse XVIII°, façade sud Victor Louis.
Parc de 5 ha avec un étang sur la vallée du Gat-Mort .

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Impact du Fuseau Est: Du nord au sud, sur 3 Km
- En façade, destruction de la vigne, de la perspective et de l'image du vignoble depuis la D 1113. Problème du passage surélevé de la route.
- Proximité des bâtiments, château et chais : nuisances et dépréciation
- Occupation de terrains A.O.C non plantés
- Destruction de la vallée du Gât-Mort, classée Natura 2000
- Destruction de la forêt
- Occupation de terrains de qualité A.O.C. sur les parcelles de Bellefont et Rocher (ancienne Métairie du Rocher)
- Coupure en trois morceaux de l'exploitation.

Conclusion: Un domaine viticole et son environnement saccagés.

Le couloir retenu pour le tracé impacte Le Tuquet sur 3 Km et 40 hectares

 

Parlez-moi du Tuquet : notes prises lors de la visite commentée par Marie Thérèse RAGON

Belle perspective avec les portails, depuis le salon. Le portail, visible depuis la N 113 devenue D 1113 porte des armes "combe aux renards" dont on ignore l’origine.

Entrant dans la cour, à gauche et en face, deux bâtiments datant de 1874 (la date est inscrite sur le mur), à droite le logement des ouvriers datant du XVI° siècle. Le fleuron de cet ensemble étant la bâtisse du XVIII ° siècle (1730) . Qui fait construire ? les Boudin ? c’est une « folie », construite pour faire la fête, dans des conditions agréables quand on s’est enrichi dans le négoce. Ouverture du grand Bordeaux, période faste ; activité particulière, littéraire .

Façade Nord : à la place du toit Mansart initial, trois chiens assis ; on note la douceur de l’ensemble, les petits carreaux, la grande ouverture centrale, qui donnent à l’ensemble une élégante simplicité.  Façade Sud, plus pompeuse, plus majestueuse fin XVIII° siècle,  de l’équipe Victor Louis, style néoclassique, un fronton, un escalier majestueux et des grands carreaux aux fenêtres.

Les Boudin, sur 2 générations, portent les idées de Montesquieu, sur lesquelles s’est appuyé Louis XVI. Fine fleur des juristes : les Guillotinés de Bordeaux, ils étaient 59. En 1794, il y avait Ignace André Bourdin, engagé derrière Montesquieu. C’est une période sombre, le domaine de Bellefont et du Rocher a été confisqué, restitué ensuite 10 ans après . Un faisceau d’idées est sorti de Montesquieu ; mise en place des Girondins, des parlementaires modérés qui réformeraient le pays. Montesquieu : nécessité d’un Parlement pour adoucir une monarchie absolue ; séparation des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, toujours d’actualité

Les Pontacq mettent leurs marques du XVI° au XVIII° s . Haut Brion est le numéro un des vignobles des Graves avec Jean de Pontacq. Au XVII° s, Arnaud de Pontacq est le bâtisseur de la cathédrale de Bazas. Il est venu au Tuquet, qui était propriété d’Etienne de Pontacq, mais la maison n’existait pas encore, il y avait une motte sur une place forte romaine ; Tuquet signifie « éminence ».

Au XIX° s : guerres de 1870. Moitessier rue de le Boétie (1860/1870) rénove le chai en 1874.

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Château Le Tuquet, propriété au XVIIème siècle de la famille de Pontacq. On cite Jean de Pontacq en 1540. Cette chartreuse fut modifiée au XVIIIème siècle par l'architecte du Grand Théatre de Bordeaux, Victor Louis. Charles de Foucauld vint y passer de fréquents séjours de vacances chez sa tante Madame de Moitessier. Une tradition veut que ce soit là qu'il ressentit le premier éveil de sa vocation.

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L'entrée est marquée par un portail en fer forgé qui ouvre sur un parc aux massifs bien ordonnés. Des vestiges de fossés sont visibles de chaque côté de l'entrée.

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Le château Le Tuquet est un château viticole avec une imposante cour sur le côté ouest bordée de nombreux chais.

Monsieur Paul Ragon a agrandi le domaine le faisant passer de 11 à 60 hectares .

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La toiture face nord (photo de droite) est surmontée de trois chatières, ce qui crée un léger déséquilibre. Le fronton a été remanié par Victor Louis

La face sud, mieux équilibrée (photo de gauche) avec ses quatre chatières, s'agrémente d'une terrasse avec des escaliers en pierre.

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Parc au fond duquel nous pouvons apercevoir un petit lac : une retenue d'eau en avant du Gât-Mort. Dans l’étang, des grenouilles, des poissons, des aigrettes, des hérons et un Tamarin géant. Baisse des eaux : actuellement la fontaine de Civrac est à sec, plus de lavoir communal.

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La petite chapelle du 19e siècle, sur la gauche de l'entrée, sert actuellement d'entrepôt.

Elle a reçu une batterie de à la place de l’autel pendant la dernière guerre.

En 1930 on suit les traces du Père de Foucault au Sud du Maroc

 

 

 

 

 

 

anecdote locale : De Tiaret à Beautiran, coincidence : Monsieur Paul Ragon est issu de Tiaret (Algérie)

Il a fait ses études à Supelec comme étudiant dans la chambre qu'occupait Charles de Foucault, des années auparavant...

Ce n'est que bien plus tard qu'il a encore une fois marché sur les traces de Charles de Foucault à Beautiran.

 

Avec l'aimable autorisation de Mme et M. Paul Ragon

 

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