Le château de Montesquieu, château de La Brède,intérieur,extérieur, bibliothèque, description : morceaux choisis

 

*Le château de La Brède (Monument historique classement récent en totalité parc et demeure )

 

La plupart de ces paroisses faisaient partie de l’archiprêtré de Cernès. 

voir site du château de La Brède (création Fondation Jacqueline de Chabannes)

photo aérienne aimablement offerte par Rustuel, ci-dessous ;

compilation et choix de textes ci-dessous par Christiane Espeut Guillemot ;

Domaine où naquit et vécut Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755).
Ce témoin de la féodalité fut construit à partir de 1306, sur l'emplacement d'un château plus ancien. Malgré les quelques aménagements effectués durant les siècles suivants, ce monument a conservé son caractère de forteresse : vaste enceinte polygonale à 17 pans droits, aux murs de 2 mètres d'épaisseur, renforcée par sa tour maîtresse, haute de 30 mètres environ. A l'extérieur, une large allée traverse le parc à l'anglaise : "La Nature s'y trouve dans sa robe de chambre et au lever de son lit".(citation). A l’époque de Montesquieu (1689-1755) cette imposante bâtisse était le centre d’un beau domaine, seigneurie qui regroupait les fiefs de La Brède, Martillac et Saint-Morillon.

chateau de La Brède On accède au château proprement dit par 3 ponts-levis qui permettent de franchir les douves aujourd'hui animées par le ballet des carpes.
La chambre du philosophe est conservée en son état du XVIIIe siècle ; un montant de la cheminée porte la marque de frottement de son soulier, car il avait coutume d'écrire là sur son genou… La vaste bibliothèque (185 m2), sous une voûte impressionnante, ornée d'une fresque peinte fin XVe siècle, n'abrite plus aujourd'hui aucun livre (les derniers des 5 000 livres ont été légués en 1994 à la bibliothèque de Bordeaux afin d'en assurer la conservation).

 

 

* quelques extraits d’ouvrages décrivant le château

On a beaucoup écrit sur le château de La Brède, demeure de Montesquieu : SIGM propose ci après quelques morceaux choisis parmi les ouvrages :

Louis Vian 1878;

(Actes Congrès 1955 ;à suivre ...)

(Brethe 1956 ;à suivre ...)

Desgraves 1986 ; extérieur du château

Desgraves 1986 ;intérieur du château

Lamothe ( ville de Bordeaux ) ;site archéologique

et anecdote racontée par Suffran , description par Stendhal

la bibliothèque par Louis Vian

les lectures de Montesquieu

 

 

* anecdote sur la description du château (extrait de Michel Suffran, Histoire d'Aquitaine)

Stendhal lors de sa visite du château en 1838 en laisse une description minutieuse, mais il ne semble pas y trouver un aspect charmant : « J’ai aperçu un édifice sans façade, à peu près rond, environné de fossés remplis d’une eau couleur de café… Cet aspect est terriblement triste et sévère. » Il poursuit sa visite « à travers des pièces tout aussi austères » . Mais peut-être était-il influencé dans son jugement par son guide qui était, dit-il « une petite servante disgracieuse, quoique non laide » .

 

 

2 dessins d'enfants de l'école primaire Cazauvieilh de La Brède

 

 

 

 

 

 

 

 

*le château, site archéologique par M. Lamothe (Ville de Bx).

 

 

 

* le château de La Brède par Louis Vian 1878

Louis Vian chateau

A quinze kilomètres sud-est de la capitale de ce pays, au milieu de ces choses, de ces hommes et de ce langage, mais un peu à l'écart, dominant la vallée, au centre de vastes prairies et enveloppée d'arbres qui la cachent au soleil du Midi, se dressait comme un grand sphinx une immense masse noire. C'est un donjon gothique, polygone presque rond offrant dix-sept pans droits et soixante-quatorze mètres de circonférence, flanqué à l'ouest d'une grosse tour fendue du haut en bas, ornée de tourelles à mâchicoulis, couronné de créneaux, éclairé de fenêtres irrégulières, baigné tout au tour par des fossés d'eau vive qui varient de quatorze à trente-cinq mètres de large, du reste inaccessible excepté au moyen de trois ponts-levis successifs qui sont défendus par des barbacanes à meurtrières. Comment ne pas être orgueilleux, quand on est le maître d'une semblable citadelle d'où l'on peut braver le pouvoir et protéger ou opprimer ses voisins? Sur le fronton ogival de la porte d'entrée se présentait un écu, timbré d'un tortil de baron( note du SIGM une couronne) , apporté par deux griffons, entouré du cordon de Saint-Michel et portant : « d'azur, à deux coquilles d'or, accompagnées en pointe d'un croissant d'argent » avec la devise : Virtutem fortuna secundat. Voilà le fief de La Brède. ( ref : Léo Drouyn, la Guyenne militaire 1865—Labat, le Château de La Brède, dans le Recueil de l'Académie d'Agen,1834;— Grouet. La Brède, in-8. Bordeaux, 1839;— 0'gilvy, Nobiliaire de Guyenne. Bordeaux, 1858, in-l; — Fréd. Thomas, Vieilles lunes d'un avocat (Premier quartier), in-18. Hachette. Paris, 1863. Le château de Montesquieu). Ce château, moins fort par sa position que par l'épaisseur et la forme de ses murailles et par ses moyens de défense, avait été bâti au treizième siècle, par un seigneur gascon, féal du roi d'Angleterre, qui, sur l'ordre de son maître, l'avait armé contre les soldats français. Il fut l'un des derniers boulevards de l'indépendance anglo-gasconne sous Charles VI, puis de l'opposition parlementaire contre Louis XIV.

Un de ses possesseurs devait commencer, au dix-huitième siècle, les premières attaques contre la monarchie et la religion. Alors cette terre baronniale de La Brède était tombée en quenouille, ou plutôt, le 23 septembre 1686, une fille unique l'avait avec son titre apportée en dot à son mari. Ce furent le père et la mère de notre Montesquieu ( Voir infra, comment il reçut ce dernier nom en héritage de son oncle; — 0'gilvy. Nobiliaire de Guyenne, Secondat, in-4. Bordeaux,1858; —Grouet, La Bride, in-8. Bordeaux, 1839;—Beaurein Variétés bordelaises, Bordeaux, 1784, t. IV et V) . Les deux époux étaient d'assez bonne noblesse; les ancêtres de Jacques de Secondat avaient occupé des emplois à la cour lettrée, amoureuse et protestante de Navarre et s'étaient convertis en même temps qu'Henri IV. Une famille anglaise, venue en France lors de la domination et restée après le départ de ses compatriotes, s'éteignait dans Marie-Françoise de Penel. Leurs enfants devaient avoir dans les veines des principes réformés et des idées constitutionnelles.

 

 

* l'extérieur du château par Desgraves 1986

armoiries croissant de lune et 2 coquilles

Les descendants directs de Montesquieu, de succession en succession, se sont faits un devoir de maintenir le château dans l'état où il se trouvait de son vivant ; ils ont entretenu bâtiments et ameublement avec le souci constant de respecter les lieux où Montesquieu avait vécu. Mais il a fallu attendre jusqu'en 1951 pour que ce château riche par lui-même, mais surtout par tous les souvenirs qui s'attachent à lui, fût enfin classé monument historique.

Le château, est conservé aujourd'hui tel qu'il était du vivant de Montesquieu. Le dessin fait par Gonzalès en 1785 prouve que depuis cette époque aucun changement sérieux n'a été introduit dans l'aspect extérieur du château. Un fossé d'une largeur variant de quatorze à trente-cinq mètres a remplacé trois anciens fossés. Site et architecture n'ont donc pas sensiblement changé. Une large avenue plantée d'arbres séculaires conduit à une immense pelouse, au milieu de laquelle éclate une pièce d'eau sur laquelle est bâti le château. A quelques centaines de mètres, les arbres forment autour du château une couronne de verdure. A l'automne, les teintes mauves et rousses des feuilles ajoutent à l'aspect sévère des lieux. Si le site est remarquable, avec les tours du château qui se reflètent dans l'eau miroitante, l'architecture elle-même est plutôt sévère. On distingue tout de suite quatre périodes dans la construction de l'édifice : tout d'abord un château du XIII° siècle, formé seulement d'un donjon rectangulaire, délimité aujourd'hui par la pièce du premier étage qui contient la bibliothèque. Ce sont les restes du château féodal. A l'extrémité sud du donjon se trouve une chapelle du XVI°siècle. A la troisième période de construction correspond une tour ronde à mâchicoulis coiffée d'un toit conique faisant saillie extérieurement sur l'enceinte et appartenant à la -fin, du XVe siècle ou au commencement du XVIe. Des constructions ont été élevées postérieurement, au XVIIe et au début du XVIIIe siècle, entre la partie intérieure et le mur d'enceinte. L'ensemble est donc sévère et disparate, les murs massifs; « les fenêtres, étroites pour la plupart, ont l'air de lucarnes; et si quelques-unes, surgissant comme au hasard au milieu des autres, empruntant à la Renaissance leur plus haute et plus large ouverture, elles donnent l'impression d'une erreur de technique ». L'ensemble forme un polygone irrégulier ayant seize grands côtés et trente-sept mètres de diamètre. La pièce d'eau qui entoure le château de toutes parts est alimentée par les sources de la lande de Sesques. Comme Montesquieu, le visiteur qui veut pénétrer dans le château, doit traverser les trois ponts-levis remplacés aujourd'hui par de légères passerelles en bois. Tout autour mille fleurs odorantes, « qui ont une âme » viennent égayer l'architecture sévère et contribuent au charme de ce lieu. Arrivé sur la terrasse, il a en face de lui quatre portes. La première,située sur sa gauche porte au fronton les armoiries de Montesquieu : « d'azur aux deux coquilles d'argent et un croissant de même ».

 

* l'intérieur du château par Desgraves 1986

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dessin de Lamothe

Pénétrons dans le château par la seconde porte qui s'ouvre sur un vaste vestibule dallé de carreaux et faiblement éclairé. Six colonnes torses en chêne sculpté soutiennent un plafond à caissons orné de fleurs de lis incrustées dans la peinture bleue. On remarquera le long des murs les malles que Montesquieu a emportées avec lui au cours de ses voyages à l'étranger. Deux portes se font face : par l'une, à gauche, on entre dans un salon richement meublé, avec au plafond ses vastes poutrelles épaisses. Deux grandes fenêtres éclairent ce salon lambrissé de chêne foncé. De nombreux portraits de famille ornent les murs. A côté de ces tableaux, trois portraits méritent une attention particulière : ce sont ceux de Louis XIV enfant, de sa mère, Anne d'Autriche, et du cardinal Mazarin, donnés après la Fronde au Premier Président Du Bernet, beau-frère de Gaston de Secondat, baron de Montesquieu. Une pendule rappelle l'observation astronomique faite en I769 par Jean-Baptiste Secondat avec l'abbé Fougère. Cette pendule de Lepaute a été envoyée de Paris à La Brède par le célèbre astronome de Lalande, qui en même temps, procura au fils de Montesquieu les instruments nécessaires à l'observation dont il rendit compte dans l'Histoire de l'Académie des Sciences. Une porte à deux battants donne accès, à gauche, dans un petit salon où se trouvent des portraits, dont l'un est de Nattier, et d'intéressantes gravures.

 

 

* la bibliothèque du château par Louis Vian

CH XVII p 225 - 240

Le rez-de-chaussée (du château de La Brède) était réservé à sa famille, mais le premier étage était son habitation intime. On y monte encore aujourd'hui par le même escalier en pierre tournant, situé à l'aile gauche. En 1838, un Anglais ( ref : Grouet, La Bride, in-8. Bordeaux, 1839) était venu en pèlerinage à La Brède ; quand on lui annonça qu'il allait entrer dans la bibliothèque de Montesquieu, il se découvrit et tomba à genoux. Au fronton se lisait : Eic mortui docent vivos mori. La pièce est immense ( Léo Drouyn, la Guyenne militaire, in-4°. Bordeaux, 1865) de dix-sept mètres sur onze ; elle est percée de trois portes, celle d'entrée, puis une à gauche et l'autre au fond. Sur la seconde, qui donne issue à une chambre à feu, est écrit : Au magistrat ren humble obéissance ; II a de Dieu ces honneur et puissance. On lit sur la troisième, qui permet de pénétrer dans une petite chapelle consacrée : Ton Dieu surtout aime d'amour extrême, Et ton prochain comme toi-même. En face s'ouvre une antique cheminée, dont le manteau est décoré de peintures à fresque de la fin du quinzième siècle, qui représente un combat à la lance de chevaliers armés de pied en cap. Au centre de cette pièce s'élève une armoire à double face, et le long des murs s'étagent des bibliothèques, vitrées en plomb et remplies de livres que j'ai décrits et dont beaucoup portent des signets en tête. Ils ont l'air de n'avoir pas servi depuis la mort de Montesquieu.( note du SIGM : la bibliothèque ne comporte plus aucun livre aujourd’hui , confiés pour bonne conservation à la Bibliothèque Municipale de Bordeaux ) . La salle, mal éclairée par deux fenêtres qui donnent l'une au nord et l'autre au levant, jouit d'une vue délicieuse sur un paysage formé de vertes prairies, de grands bois et de nombreux canaux. C'est dans cette pièce imposante, qui sentait la féodalité par ses décorations, la piété par sa chapelle, la magistrature par sa bibliothèque et l'Angleterre par le paysage en perspective, que Montesquieu dicta l'Esprit des Lois. ( Louis Vian )

Louis Vian

 

* les lectures de Montesquieu par Louis Vian

 

Montesquieu avait deux bibliothèques (Inventaire dressé après sa mort), l'une de sept cent vingt-quatre, l'autre de quinze cent cinquante six ouvrages. Je ne peux parler pertinemment que de la seconde, parce qu'elle a été décrite par le savant M. Gustave Brunet (Bibliographie de la collection Migne) . La théologie y comptait deux cent quatre-vingt-onze volumes, dont neuf Bibles et onze Nouveaux testaments; la jurisprudence, trois cent soixante-quatorze ; les sciences, trois cent dix-huit, parmi lesquels on distingue deux Montaigne, deux Charron, trois Euclide, trois Apollonios, cinq Vitruve, deux Pline, beaucoup de livres de médecine et de science, même de sciences occultes ; les belles-lettres, deux cent soixante-sept, au nombre desquels quelques ouvrages italiens, un Rabelais, trois Cicéron, quatre Virgile, quatre Horace et cinq Juvénal; et l'histoire trois cent six, dont deux Pausanias, deux Hérodote, deux Thucydide, trois Salluste, quatre Quinte-Curce, quatre Tite-Live, quatre César, quatre Florus, cinq Suétone et cinq Tacite, quelques ouvrages d'archéologie, deux Grégoire de Tours, trois Commines et un grand nombre de voyageurs. Cette collection comprenait ce que les littératures ont produit de plus important chez les Grecs et chez les Romains. Montesquieu écrivait ( Pensées diverses) : « J'avoue mon goût pour les anciens; cette antiquité m'enchante et je suis toujours prêt à dire avec Pline: " C'est à Athènes que vous allez, respectez les dieux."

Note du SIGM : la collection de livres se trouve actuellement conservée à la Bibliothèque Municipale de Bordeaux et non dans le château, comme le mentionnent à tort certaines publications encore récentes .

 

 

 

 

 

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