Jeanne de Lartigue (1689 – 1770), épouse de Montesquieu ,
et le domaine de Lartigue à Martillac, actuellement dans la même famille depuis 85 ans.
Citation de la « XXXV Lettre persane » :
"Dieu confondra un jour tous les cultes dans sa souveraine impartialité. Le temps qui consume tout détruira les erreurs mêmes" .
Les lignes ci après ont été écrites d’après les propos de M. de Reyniès propriétaire actuel du Domaine de Lartigue à Martillac et des passages extraits de Louis Vian , Histoire de Montesquieu , 1879.
Le Domaine de Lartigue n'est habituellemet pas ouvert à la visite ; contacter SIGM pour ouvertures exceptionnelles ;
( xane SIGM )
Ce 25 avril 2009, commentaire de la visite par Monsieur de Reyniès, sous le chais conservé dans l’état de l’époque de Montesquieu .
A l’époque où Louis XIV ayant grand besoin d’argent vend des titres de noblesse, Pierre, le père de Jeanne est anobli et devient « de Lartigue », en 1704.
Au début du XVIII ° siècle, comme tant de parlementaires bordelais qui achètent des propriétés, parfois même démembrées, Pierre de Lartigue donne son nom à ce domaine situé à Martillac, et y construit une maison. En 1715, date du mariage entre Jeanne et Montesquieu, celle-ci est en cours d’achèvement.
Bien que les Lartigue, de noblesse récente et achetée n’aient pas reçu la même éducation que Montesquieu, celui-ci épouse Jeanne le 30 avril 1715, à Bordeaux, église Saint Michel, dans la plus grande discrétion.
Jeanne est protestante, sa foi réformée est dissimulée par un acte de baptême « de précaution ». Que signifiait "être protestant" avec la Révocation de l‘Edit de Nantes en 1685, époque de sévère répression à Bordeaux ? Une ordonnance de 1715 stipule qu’en cas de « mariage mixte », les époux sont passibles des galères et les épouses de l’hôpital. Ce n’est qu’en 1849 que cette ordonnance sera annulée. Malgré ces difficultés, Jeanne va vivre en protestante toute sa vie.
Quant à Montesquieu , lui-même ? : ( extraits de Louis Vian )
Ses ancêtres, vivant à la cour lettrée et protestante de Navarre, s’étaient convertis en même temps que Henri IV ; cette famille d’origine anglaise s’éteignait dans Marie Françoise de Pesnel, mère de Montesquieu. Leurs enfants ont dû avoir dans les veines des principes réformés, et la baronne, mère de Montesquieu fut le modèle des vertus chrétiennes.
Quand sa mère mourut, en mettant au monde sa sœur Marie Anne, elle avait eu le temps de lui apprendre à dire sa prière ; il avait 10 ans. Mais quand il entre chez les Oratoriens à Juilly, il sentait qu’on ne lui avait pas assez fait connaître le vrai précis de la religion purement catholique dans sa première éducation.
La fortune de Pierre de Lartigue est en grande partie constituée de titres de créances, et si la dot de Jeanne s’élève à 100 000 livres, elle est constituée de 25000 livres en espèces et 75 000 livres en créances. Cependant, Montesquieu s’en réjouit, il pourra replanter ses vignes.
Tout va bien jusqu’en 1716, date de la grande brouille familiale. En effet, Montesquieu a essayé de se faire rembourser les dettes auprès des banquiers de Bordeaux, mais personne n’était solvable. Montesquieu conseillera à Jean Baptiste, son fils (né en 1716) de vendre le domaine de Lartigue. Il attendra 1772.
Pendant les déplacements de son époux, Jeanne gérait aussi la propriété de Rochemorin. Elle gardera aussi la maison familiale de la rue Neuve à Bordeaux où elle mourra le 13 juillet 1770. Nous ne savons pas où elle a été enterrée.
C’est en 1850 que le domaine de Ferran est séparé de Lartigue.
En 1933, les vignes de Lartigue sont arrachées par ses propriétaires les "de Vezian", famille du Comte de Villeneuve .
En 1943, les Allemands occupent les lieux.
En 1957, ce sont les parents de Dominique de Reynies qui rachètent le domaine, alors en ruines, et depuis 2008, Monsieur Dominique de Reynies et son épouse s’attachent à la restauration de l'ensemble .