Approche de l'ouvrage " La Seigneurie en Bordelais d'après la pratique notariale (1715-1789)"

auteur Gérard Aubin, Publications de l'Université de Rouen n° 149;

publié avec le concours : de l'Association des Historiens des facultés de Droit ; du Centre de Recherches d'Histoire et du Droit, et du Droit Romain de l'Université de Rouen

disponible auprès de la librairie l'Hirondelle à Bordeaux ;

 

 

Ci-après, quelques notes prises au hasard, on ne peut résumer un tel ouvrage, fruit de nombreuses recherches .

 

 

Quelques extraits de l'ouvrage " La Seigneurie en BORDELAIS d'après la pratique notariale (1715-1789)" de

Gérard Aubin ; Publication Université de Rouen n° 149

 

 

les quelques phrases extraites de l'ouvrage concernent les Graves Montesquieu

 

remarque importante : le terme "Graves Montesquieu" ne se trouvera nulle part, puisque les Graves Montesquieu n'ont pas d'existence, ni dans le passé ni actuellement : ce choix d'associer ces 2 termes a été fait par le SIGM en 1994, lors de la création de l'association, Syndicat d'Initiative du canton de La Brède  pour décrire le territoire du périmètre des 13 communes du canton de La Brède .

 

la page de couverture est reproduite ici :

 

"Dans le Bordelais de la veille de la Révolution, la seigneurie demeure le cadre par excellence de l'exploitation du terroir et de la vie du village. L'existence des ruraux reste quotidiennement confrontée à une organisation toujours vivante où se mêlent les avantages économiques, la persistance de prérogatives administratives et judiciaires et le maintien des signes ostentatoires d'une prééminence sociale.

 

L'emprise de la seigneurie ne se borne pas aux prélèvements qu'elle opère sur ses dépendants. Outre ses droits, son maître dispose d'un domaine propre opiniâtrement édifié et parfois très étendu, qui lui procure des moyens d'action considérables et des profits autrement plus élevés que celui des tenures. Entrée dans le mouvement d'affaires, la seigneurie tend à perdre ses traits traditionnels pour céder la place à une entreprise agricole moderne produisant, sur de vastes surfaces, des vins de qualité aptes à satisfaire les demandes d'un marché à la fois ouvert et exigeant. Cette grande propriété, qui n'a jamais conquis, il est vrai l'ensemble des terroirs, a traversé la Révolution sans trop de dommages. C'est sur les anciennes réserves, développées au XVIII siècle que s'élèvent les grands châteaux viticoles qui font le renom du Bordelais d'aujourd'hui."

 

 

 

l'EGLISE p 184-185

 

 

C'est à l'église surtout que se manifeste la prééminence du seigneur. Les honneurs y sont spécialement dévolus au fondateur ou patron et ses successeurs. Celui qui a fait construire, qui a fondé ou doté une église peut nommer et présenter à l'archevêque une personne de capacité suffisante pour la desservir. Ce droit de patronage passe à ses descendants : c'est un droit attaché à la famille qui se transmet à la ligne directe ou collatérale selon les intentions du fondateur.

Le 30 avril 1788, Léonard Joseph, marquis de Mons et de Dunes, agissant comme " seul descendant de noble homme Raymond de Mons, seigneur de la maison noble de Mons, sise dans la paroisse de Cadaujac" nomme et présente à l'archevêque, Thadée O Kelli, curé de Cadaujac, pour être pourvu de la chapelle fondée dans l'église de Cadaujac par Raymond de Mons le 19 mars 1358".

 

Le patronage est attaché à la seigneurie et passe à ceux qui en deviennent possesseurs par succession, achat ou autre procédé. La prérogative vient s'ajouter à la liste des droits honorifiques, dont jouissent les hauts justiciers. Le patronage de la chapelle de Gaillard de Lalande, dans l'église de Beautiran, revient à Jean Baptiste de Secondat en sa qualité de baron de La Brède....

 

Haut justicier et seigneur fondateur ont le droit d'avoir un banc situé dans le chœur "au plus haut de l'église". Cet honneur est refusé au simple seigneur de fief, qui ne peut posséder de banc que dans la nef.... Avant la célébration de la messe, le curé doit donner l'eau bénite " par présentation du goupillon" et de manière séparée au seigneur et à son épouse. Au prône et aux prières publiques, ils sont nommés distinctement, et leurs enfants " en nom collectif" . A la grand messe, le servant les encense "en se tournant du côté de leur banc" et " lors des encensements ordinaires " en se transportant devant eux... Le curé doit leur présenter le pain bénit "en premier lieu et en particulier".

Quand le seigneur vient à mourir, on peint à l'intérieur et à l'extérieur de l'église, en signe de deuil, une bande de couleur noire "litre " ou "ceinture funèbre", avec un écusson à ses armes. L'inhumation n'a pas lieu dans le cimetière du commun : haut justicier et seigneur fondateur ont droit à la sépulture dans le chœur de l'église.....

 

Les honneurs à l'église sont l'objet de querelles incessantes. Les seigneurs voisins ou les coseigneurs guignent les honneurs à l'église. A Saint Morillon, le baron de La Brède, Jacques de Secondat (père de Montesquieu) et le dame de Rasins, veuve de Gasq, qui se partagent la haute justice de la paroisse, revendiquent chacun le droit d'être nommé en seul aux prières du prône. (instruction lors de la messe faite en français : annonces des décès, naissances, mariages, jeûnes, fêtes et cérémonies....). La sagesse l'emporte cependant et ils finissent par trouver un moyen terme ....( après bien des palabres, remarque du SIGM ) ....

 

 

 

les méthodes et les agents de l'exploitation seigneuriale p 246

 

Chaque catégorie de revenu pose des problèmes particuliers, mais dans la plupart des seigneuries, les paiements sont individuels. On reçoit au château les redevances portables, on va chez le paysan toucher les redevances quérables. La collecte des revenus est une tâche qui prend du temps et fait appel à des compétences variées.

 

 

Exploitation directe et régie p 246 et p 257

 

Des seigneurs ne négligent pas de s'y atteler eux mêmes. La plus grande force de la seigneurie reste encore la ténacité et la vigilance de son maître. Dans la maison noble de Bisqueytan, acquise à deniers communs du comte de Fumel en 1750, le président de Montesquieu et le conseiller de Cursol, au décès du fermier en 1752, décident de " régir par eux-mêmes et faire la levée des rentes et agrières conformément aux titres qui leur ont été remis", renonçant temporairement à l'affermage.

Habituellement, les soins de la recette sont confiés aux agents seigneuriaux. Un personnel, dont le nombre varie avec l'importance de la seigneurie, seconde son maître dans l'administration de ses biens. Certains de ces agents sont bénévoles : la femme du seigneur par exemple, sa mère ses frères. ...."

 

le poids de la féodalité p 263

(divise les historiens )

La plupart des chercheurs qui ont étudié le régime féodal ont insisté sur les difficultés, voire l'impossibilité d'évaluer exactement le poids des redevances seigneuriales.... Il nécessite le calcul de deux proportions : celle des droits féodaux par rapport au revenu des redevables, celle des droits féodaux par rapport au revenu des seigneurs....

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les incertitudes de recouvrement p 301

Qu'il soit ecclésiastique ou laïque, le décimateur a des problèmes ; ici c'est le taux de la redevance qui est contesté ; là son mode de perception....(que de complications, remarque du SIGM ) .

 

 

....un tenancier de Cadaujac entend payer la dîme " à son gré" et chasse les marqueurs envoyés pour vérifier la quantité de récolte recueillie.

 

des menaces sur la directe p 309

 

Il ne suffit pas de veiller au paiement de la redevance, il faut aussi maintenir les pouvoirs sur les tenures, donc obtenir des exploitants qu'ils reconnaissent leurs devoirs.... Pas de laisser-aller. L'absence du maître peut avoir des conséquences fâcheuses ... Dressant le bilan des ressources du couvent des Chartreux, le syndic brosse un sombre tableau ; "il y a plusieurs fiefs, dans les paroisses de Bègles, ...St Médard D'Eyrans, ....Castres, Beautiran, Saucats .... , Pessac , qui doivent des rentes en argent et agrières ...qui n'ont pas été reconnus depuis 2 ou 300 ans" ....

 

L'émiettement des mouvances, l'imbrication des seigneuries foncières, donnent lieu à des contestations sans nombre pour arrêter les limites des fiefs. ...Jacques de Secondat, seigneur de La Brède et de Martillac, et Pierre de Pichard, baron de Saucats, se disputent la propriété et directité d'un vacant que chacun affirme, titres à l'appui, relever de lui ....

 

Les paysans profitent de ces rivalités pour éluder le paiement de leurs obligations...

 

les résistance et réaction p 412

 

Dans la mentalité nobiliaire, l'idée de seigneurie reste vivace et le désir marqué de garder à l'organisme vigueur et efficacité ....L'effort vers l'indépendance est grand dans les fiefs imbriqués. Pouvoir se dire seul seigneur, combiner sur les grands territoires, tous pouvoirs justiciers et fonciers, tel est l'idéal qu'on cherche à réaliser, sans d'ailleurs pouvoir toujours y parvenir.

Devenu haut justicier de l'Isle St George, Beautiran, Saint Médard et de St Sève, Guillaume Joseph Saige "audiencier en la Chancellerie près le Parlement" s'emploie à racheter à la veuve de Raymond Laffargue, l'office de greffier en chef de ses juridictions, autrefois vendu au défunt. Ainsi pourra-t-il y nommer à sa guise....

 

...Les traits de résistance s'affirment. Un exploitant abandonne-t-il des terres qu'il juge trop chargées ? Le seigneur installe son remplaçant aux conditions anciennes. Jean Baptiste de Secondat consent "nouvelle concession d'une friche à Martillac sous la même rente foncière et directe que faisait originairement ladite pièce de lande avant qu'elle ne rentrât dans les mains dudit seigneur de la Brède"

 

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