Saint-Selve : le château de Grenade classé Jardin remarquable

chateau Grenadeà Saint-Selve : un jardin à l’anglaise cher  à MONTESQUIEU et l’ombre de CHATEAUBRIAND…

Le château de Grenade son parc à visiter
classé Jardin remarquable


 
D’après les recherches Piou Lacoste et Philippe Delpech (SIGM)  suivant le site Internet du domaine de Grenade avec l’aimable autorisation de Jacques Galina.
 
    Edmond DE CARAYON LATOUR
« Fayre pla, layssa dire » (faire bien et laisser dire).
Il épousa Henriette DE CHATEAUBRIAND (1824-1903), femme de cœur et de culture, comme son célèbre grand-oncle écrivain et ministre. Ensemble ils fondèrent le domaine de Grenade, où cinq générations se succéderont jusqu’à nos jours. Conseiller général et député du Tarn de 1840 à 1861, Edmond DE CARAYON LATOUR a défendu avec beaucoup d’énergie et d’indépendance les principes conservateurs et les intérêts religieux.
Sur la façade arrière du château de Grenade s’affiche  la devise de la famille DE CHATEAUBRIAND, dont la noblesse remonte aux croisades :
"Mon sang a teint la bannière de France".
Le baron et la baronne eurent un fils unique Henri DE CARAYON LATOUR (1850-1916) qui   fit une brillante carrière militaire : guerre de 1870, guerre 1914-1918, campagnes en Algérie de 1873 à 1875, en Tunisie de 1881 à 1882. Dernier du nom, il épousa Marguerite D’ALSACE D’HENIN dont il eut 5 filles... et pas de garçon !  Henri hérita des biens de ses parents mais aussi des propriétés de son oncle Joseph, disparu sans descendance.

Auparavant, en ce lieu existait une vaste demeure bourgeoise appartenant à une famille noble protestante depuis le XVIIème siècle : les FERRONS. Le domaine de Grenade, alors d’une soixantaine d’hectares  passa aux mains de la famille de ROUSSANE, qui s’allia en 1737 à la famille de Saint-Marc, seigneur de Saint-Selve. En 1854, le baron Edmond DE CARAYON LATOUR acquiert la propriété de Grenade. En 1864 les vignes occupaient une large part des terres cultivées avant que les frères BÜLHER ne s’emploient à transformer le « désert de Grenade, ensemble de bois et de pins, vignes et joualles, prairies, terres labourables, landes, pâtures », en un parc d’agrément paysager dans l’écrin d’un parc forestier.

grenadeLes frères BÜHLER,  paysagistes du parc de Grenade, experts en « jardin à l’anglaise » …

Grenade c’est une forêt de rhododendrons dont certains mesurent plus de 10 mètres de hauteur, la plus vaste d’Europe, d'une superficie de 40 hectares, des scènes paysagères d’une grande variété, grandioses à la manière de grands paysages panoramiques, ou intimistes au creux des sous-bois, des parcours d’eau avec ruisseaux, étangs, lacs, et cascatelles bâties et une collection d’arbres remarquables, d’essences rares ou exotiques : chênes bicentenaires, cèdres de l’Atlas et du Liban, séquoïas géants, tulipiers de Virginie .


Denis BÜHLER (1811-1890) et Eugène BÜHLER (1822-1907) sont des architectes paysagistes français, nés à Clamart, d’une famille protestante d'origine suisse.
Experts en « jardin à l’anglaise » en opposition aux jardins à la française du XVIIème siècle, experts dans la domestication des milieux difficiles, ils aiment se servir du spectacle de la nature, en la redessinant à leur goût avec un style très marqué. Un parc imaginé par les frères BÜLHER se reconnaît entre mille : il est spacieux, épousant les reliefs et domptant les éléments (l'eau en particulier), aménagé de courbes très douces, le tout avec beaucoup d'amplitude, d'harmonie et sans effets inutiles. Qu'est-ce que le style BÜHLER? « Une façon de gérer les courbes, le modelé, les plantations. » Ils avaient un goût très prononcé pour l'exotisme et les espèces récemment acclimatées comme le « Ginkgo biloba », le « Séquoia ».
En Gironde ils sont aussi les auteurs du parc Bordelais,  des jardins du château Malleret au Pian-Médoc, et aussi du Parc de la Tête d'Or à Lyon, ainsi que plus de 300 réalisations publiques et privées en France et en Europe.  


Henri Duphot, architecte du château et des écuries de Grenade
 (en italique le texte de Marc SABOYA in « Maisons de campagne en Bordelais »)

Henri DUPHOT (1810-1889) est né à Bordeaux. Il est l’auteur de plusieurs réalisations en Gironde, dont la caisse d’Epargne de Bordeaux aujourd’hui Musée de la Résistance, Pichon Longueville, puis Latour et Virelade en 1860. Il agrandira Beychevelle et construira les églises de Virelade et de Portets et enfin Saint-Amand à Caudéran.

     Au château de Grenade, construit de 1859 à 1863, « …s’exprime la volonté de renouveler l’inspiration traditionnelle. Le commanditaire, le baron Edmond DE CARAYON-LATOUR, désireux de se faire édifier une " construction d’un genre inconnu de nos compatriotes, un style étranger qui pourrait devenir sur notre sol une date de progrès"   entreprend avec DUPHOT et son fils Abel un voyage en Angleterre à la recherche de ce style nouveau. La visite des grandes demeures élisabéthaines ou de leurs revivals conduit DUPHOT à réaliser à Grenade une œuvre inspirée de l’architecture des TUDOR où abondent les bow-windows, les grandes baies quadrillées de meneaux de pierre, les pignons chantournés et les tuyaux d’orgue des hautes cheminées groupées en trois ou quatre conduits .»  Nous avons ici à Grenade le plus bel exemple de cette architecture dite éclectique, car faisant référence à plusieurs styles, mais ici plus particulièrement au style perpendiculaire où s’entrecroisent les rythmes horizontaux et verticaux.

      Mais c’est surtout aux écuries qu’en 1861  DUPHOT touche à la perfection en appliquant strictement les leçons de fonctionnalisme de VIOLLET-LE-DUC. « Ici aucune recherche de symétrie, mais une volonté d’affirmer l’autonomie de chaque espace. Un plan savant organise habilement les services en répartissant les dix corps de bâtiment autour de deux cours séparées par l’avancée du pavillon de la sellerie.   Les façades ne font que confirmer ce principe d’autonomie en l’accentuant vers un pittoresque qui donne à cet ensemble l’allure d’un aimable hameau.  Chaque bâtiment est individualisé par une toiture différente qui cerne bien le volume intérieur cadré, aux extrémités, par les inévitables murs pignons.
 Si le traitement architectural varié accentue la diversité des espaces, le recours à un même appareil polychrome sur toutes les façades contribue, en revanche, à unifier la composition. L’alternance régulière de lits de briques rouges et d’assises de pierres blanches renforce le parti pris de différenciation entre la demeure et ses communs. »

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