ISLE SAINT-GEORGES à la recherche de ses origines par Thierry Mauduit

 

 

 

par Thierry Mauduit directeur de la publication d’Aquitaine Historique

 

Le village actuel de l’Isle-Saint-Georges, dont la plus ancienne mention connue remonte au XIe siècle, s’est développé au nord et à l’ouest d’une motte castrale, qui occupait le point le plus haut de cette ancienne île de la Garonne aujourd’hui rattachée à la rive gauche, et d’un prieuré construit par les moines de Sainte-Croix de Bordeaux. Mais on sait aujourd’hui que cette occupation médiévale, qui a sans aucun doute modelé le paysage actuel, n’est pas la plus ancienne, ni même peut-être la plus importante qu’ait connue le site. En effet, les données archéologiques, accumulées depuis plusieurs décennies, attestent de l’existence d’un habitat au même endroit qui remonte, au moins, au début du 1er millénaire avant J.-C.
Ainsi, le site archéologique est connu de longue date, grâce à l’esprit avisé de Monsieur Olivier Coussillan qui en a révélé l’importance, puis par les résultats d’une fouille de sauvetage menée en 1987 à l’emplacement de la voirie du lotissement des Gravettes, enfin par de récentes campagnes de prospections et une surveillance attentive des travaux sur la commune. Les recherches ont ainsi révélé la présence d’un matériel attestant une occupation humaine depuis au moins le VIIIe siècle avant J.-C. jusqu’au IVe siècle de notre ère. Par la suite, le site semble avoir été déserté car aucun indice n’a révélé la présence d’une occupation humaine jusqu’à l’établissement du prieuré vers le XIe siècle. Il n’est cependant pas impossible qu’un petit hameau rural ait perduré sur la partie haute du village mais celui-ci n’a pas été mis en évidence par la découverte de vestiges appartenant à la fourchette chronologique comprise entre le Ve et le Xe siècle. Cette période de grande insécurité due aux invasions de différentes peuplades a pu rendre impossible la persistance d’une implantation humaine durable sur cette voie de pénétration que constituait le fleuve.
La période d’apogée, d’après les recherches actuellement menées, se situerait à l’Âge du fer et à l’époque Augustéenne. Les aspects du mobilier recueilli, ainsi que la superficie couverte par les vestiges (17 à 20 ha), démontrent que dès la fin du second Âge du fer au moins (2e-1er siècle avant J.-C.), on a affaire à une agglomération artisanale et commerciale. Différentes activités sont nettement identifiables comme la métallurgie, la pêche et le commerce (emporium ou point de rupture de charge en relation avec Burdigala ?). Cette vocation artisanale se perpétue avec force à la période romaine, où les vestiges couvrent une surface encore plus vaste.
Aussi, la position remarquable du site de l’Isle-Saint-Georges (sur la Garonne, près de Bordeaux), ses dimensions spatiales et temporelles exceptionnelles ainsi que la qualité et la quantité des témoins archéologiques qu’il recèle poussent une équipe de l’Université de Bordeaux 3 à mettre en œuvre un programme de recherche sur le terrain pour mieux appréhender les potentialités du gisement. Ce programme est intitulé « Peuples de l’estuaire et du littoral médocain aux époques protohistorique et antique » (dir. A. Colin) et l’Isle-Saint-Georges en constitue une des études de cas. Ainsi, en plus de la fouille des Gravettes en 1987, plusieurs opérations ont été menées depuis 2004 : prospections archéologiques et surveillances de travaux sur l’ensemble de la commune (2004 à 2010), prospections géophysiques (2010 et 2011), fouilles et sondages (2009 et 2010), et en laboratoire différentes études du mobilier récolté (archéo-ichtyologie, céramologie, analyse du mobilier métallique, archéo-zoologie, etc…).
En 2011, les recherches se poursuivent avec des interventions de terrain déjà programmées.
Avertissement : le site de l’Isle-Saint-Georges, à l'instar de tout site archéologique, est soumis aux lois sur la protection du patrimoine archéologique. Aucune fouille, recherche ou prospection, par quelque moyen que ce soit, ne peut y être effectuée sans autorisation préfectorale. Toute découverte fortuite doit faire l’objet d’une déclaration à la Mairie ou au Service Régional de l’Archéologie.

 

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