*La Forêt par Philippe Delpech
*La forêt : concilions nos usages - panneaux vus dans les Pyrénées
ci-dessous un bolet comestible, une tour de guet (palombes) et un arbousier en fruits
2011 : une année à cèpes exceptionnelle
photos JP Puisné, SIGM : 30 cm pour ce cèpe, comestible car non pourri malgré sa taille vénérable. Qui dit mieux ?
La forêt est avec la vigne et le fleuve un élément fondamental de notre environnement sud bordelais. Les documents anciens comme la carte de Belleyme du 18ème ou les cadastres napoléoniens montrent à ces époques sa présence sous deux formes :
- forêt de pins : qui fournissait bois d’œuvre, résine, « échalas » (indispensables pour le palissage de la vigne avant l’usage du « fil de fer ») ;
- forêt de feuillus : essentiellement représentée par les « bois taillis », les bois en « futaie » n’étant que rarement mentionnés. Une partie devait trouver un important débouché dans l’approvisionnement de Bordeaux en bois à usage ménager, une autre était transformée sur place en charbon de bois comme en attestent en maints endroits les traces encore visibles de meules de charbonnier.
Bien évidemment, depuis le 18ème, la forêt a évolué. D’abord, le pin maritime a progressivement colonisé les espaces de landes bien caractérisés sur la carte de Belleyme dans les zones hautes de l’arrière-pays et des interfluves Rieufret-Gât-Mort, Gât-Mort-Saucats et Saucats-Eau blanche. Puis, à une époque plus récente, ce même pin maritime a, petit à petit, remplacé les feuillus des « bois-taillis », avec une accélération sensible ces dernières années ; le phénomène tend à réduire leur aire d’occupation aux minces ripisylves qui s’étirent le long de nos cours d’eau, sur des espaces peu ou pas propices à la « culture » du pin.
C’est parce-que ces boisements n’étaient que de faible intérêt économique qu’ils ont pu développer une richesse écologique naturelle : essences variées, sujets d’âges divers, présence de sous-étage : toutes conditions d’une riche biodiversité floristique, faunistique, fongique.
La grande qualité environnementale de ces boisements que l’on pourrait qualifier de « refuges » ne suffit pas à garantir leur pérennité et aujourd’hui une demande croissante en bois de chauffage contribue à faire peser une certaine menace sur leur avenir.
Traditionnellement la forêt de pins était caractérisée par des peuplements relativement peu denses, non ordonnés, avec fréquemment, en sous-étage, houx, chênes tauzins, bourdaines, bruyères, etc. Aujourd’hui, les « impératifs économiques » ont poussé à une rationalisation des cultures. L’exploitation de la forêt est passée progressivement des propriétaires à des entreprises spécialisées, elles aussi astreintes à une rentabilité et faisant appel pour cela à des technologies hautement mécanisées : territoires drainés par des quadrillages de fossés, sols défoncés profondément, pins sélectionnés plantés en lignes à densité optimum, nettoyage du sous-bois, enfin toutes conditions favorisant une croissance rapide et, à terme, une exploitation (abattage et débardage) rationalisée.
Cette forêt largement monospécifique n’est pas très accueillante et, comme pour toutes les cultures intensives, sa biodiversité est très amoindrie. Mais comme l’a signifié un important gestionnaire forestier : « elle n’est faite ni pour plaire ni pour la promenade… ».
D’une manière générale, si les espaces forestiers remplissent toujours leur rôle de « poumon vert », leur fonction on dira "d’accueil du public" est à reconsidérer à la baisse.
Développement de l’urbanisation et de la mobilité ont accru la fréquentation de ces espaces périurbains : promeneurs, randonneurs, vététistes mais aussi motos de cross, quads,.., avec en réaction le développement des réticences à la liberté d’accès : pistes et chemins forestiers fermés par arrêtés préfectoraux, par décisions communales, pour des causes de chablis, par crainte d’incendie, ou autres…, propriétés clôturées et les plus classiques : « propriétés privées », toutes choses légales et respectables mais qui contribuent à organiser une inaccessibilité croissante de ces milieux.
On peut regretter que, en juste contrepartie, ne soit pas réhabilité le précieux maillage des chemins ruraux (propriété privée des communes) actuellement en voie de perdition. La mise en place par les collectivités territoriales de « boucles locales » et d’« itinéraires de randonnée » ne saurait compenser la disparition de ces chemins même s’ils permettent, en toute légalité, de parcourir nombre d’espaces boisés.
Ligue pour la Protection des Oiseaux en Aquitaine
Visite sur réservation tél. 05 56 91 33 81
TEXTE par SIGM (ex Syndicat d'Initiative jusqu'en 2004) :
Le patrimoine forestier est un des éléments majeurs du territoire. Il est essentiellement axé sur la culture du pin maritime. Dans leur forme traditionnelle, les peuplements sont souvent mêlés de chênes, et de quelques châtaigniers, avec un sous-étage de houx, de fragons, de bourdaines, parfois d'arbousiers.
Ajoncs et genêts au printemps, bruyères et fougères aigles en fin d'été apportent des touches très colorées à cette forêt. En marge des résineux, les feuillus sont bien présents avec des peuplements de robiniers (appelés ici acacias), de chênes, et dans une moindre mesure d'aulnes et de charmes.
Les pins ont donné la résine, le bois d'œuvre et la pâte à papier. La floraison des acacias sert à la production d'un miel réputé, et leur bois fournit les piquets de vigne. Les chênes donnent des bois d'œuvre, de chauffage, et sont de nouveau utilisés en tonnellerie.
La forêt abrite chevreuils et sangliers. Elle est l'hôte, essentiellement sous feuillus, d'une remarquable flore fongique dont les célébrités incontestées sont la girolle et le cèpe de Bordeaux.
Dans les palombières, les chasseurs guettent le "passage des palombes" dans une convivialité que renforcent la bonne chère et le vin de Graves...