Télécharger avec DROPBOX les photos des fontaines de Cabanac et Villagrains par Harvey MORGAN président de l'association Allons voir l'église d'à côté
Résumé par Pierre de Sèze de la conférence donnée en mars 2014 lors d'une réunion de l'association AVEC 33 , par M. Coquillas, historien, intitulée : "Eaux, sources et fontaines curatives, miraculeuses et à dévotion en Gironde...et ailleurs…de l'Antiquité à aujourd'hui". Toutes les sources et fontaines (74 ) sont recensées en Gironde sur le cadastre du 19ème siècle. Outre les simples sources, il y a en Gironde 2 stations thermales répertoriées. Téléchargez la liste
Le terme « source » convient si elle est "naturelle" tandis que le terme « fontaine » convient pour une source, aménagée plus ou moins "luxueusement". Dans notre très proche environnement, en Graves Montesquieu, on en connait une à Saint-Selve , une à Saint-Morillon, deux à Cabanac... Une porte un nom plus original, à Quinsac :"Jean qui rit et Jean qui pleure", c’est un lieu où le vin coulerait une fois par an ! De nos jours de nombreuses sources sont, malheureusement, polluées ou taries (dont par exemple celle de St Clair à Belin-Beliet). En France on dénombrerait 2000 sources “guérisseuses”, mais toutes ne sont pas “christianisées”.
La plupart proviennent de résurgences du Massif Central, en Limousin, en Auvergne, en Aquitaine (Périgord et Landes de Gascogne). 15 pour cent des sources françaises se trouvent en Aquitaine, avec des appellations régionales: ”houn”, ”hont”, ”ygaas”.
Un peu d’histoire : _Les écrits de l’Antiquité: Au 4ème siècle par exemple, Ausone évoque la source “Divonna” (rue de la Rousselle, Bordeaux) _Au 17ème siècle ,Pierre de Lancre, seigneur du château Loubens à Sainte-Croix-du-Mont fut chargé par Henri IV, puis Louis XIII de lutter contre superstitions et sorcelleries, qui entouraient sources et fontaines “guérisseuses”. _A Sannonac, en 1840, l’abbé Merlet, dans le journal de la paroisse, décrit la source Saint-Martin, qui fut fréquentée jusqu’en 1937.
Les fontaines elles-mêmes, avec leurs inscriptions gravées, nous fournissent souvent de précieuses informations sur les légendes, les traditions et le folklore locaux. Des déplacements de sources ont parfois été l’occasion de rivalités entre villages voisins (comme à Labrit ou à Vert). Certaines sources sont tellement bouillonnantes qu’elles envoient prétendument des cailloux (source Sainte-Quitterie). Certaines sont réputées être le repaire de fées (Font Galline). Les données archéologiques nous permettent de savoir que ces croyances, savoirs ou superstitions sur le pouvoir guérisseur de certaines sources remontent au néolithique. On a ainsi pu, à partir de fouilles, découvrir récemment qu’une fontaine, à Blaye, était dédicacée à Apollon (4ème siècle).
La dévotion à l’eau fait partie des cultes “naturalistes” les plus anciens et que partagent quasiment toutes les civilisations dites “primitives” : pierres (menhirs, dolmen, cromlechs), eau, feu (St Jean d’été, mais aussi St Jean d’hiver, culte zoroastrien, vestales, etc.) et arbres (chênes des druides).
Avec le christianisme, la symbolique de l’eau est également très importante: eau du baptême; eau changée en vin à Cana; eau de la piscine de Bethesda, qui guérissait le premier malade à s’immerger après qu’elle eut bouillonné; eau qui jaillit du côté de Jésus transpercé par la lance de Longin... Dès le 5ème siècle, l’Eglise condamne les pratiques de magie et les superstitions liées à l’eau. Pour “christianiser” ces pratiques, on va attribuer un saint patron aux sources guérisseuses, en fonction de la vertu propre aux fontaines : pour la vue, St Clair; pour la tête, St Jean Baptiste; pour les pieds, St Jacques, patron des marcheurs pèlerins; pour les problèmes gynécologiques, Ste Marie-Madeleine, ou Notre Dame; pour les oreilles, St Louis écoutant, sous son chêne, les doléances de ses sujets. A ce sujet, Mr Coquillas nous remet une liste de 3 pages dont les 2 premières concernent des sources “christianisées”, et la 3ème ”non christianisées”. Il arrive qu’autour d’une source, soit édifié un bâtiment; c’est le cas rue de la Rousselle où une source salée et purgative est restée en fonction jusqu’en 1914. A Uzeste 3 sources entourent le tombeau de Bertrand de Goth, le pape Clément V. De nombreuses églises ont été construites sur des sources: un livret a été écrit sur N.D. de Lorette à St Michel de Lapujade. Sous l’autel 19ème, il y a une source qui fait l’objet d’un pèlerinage annuel.
Dans les Landes, il existe encore 4 ”recommandeurs” (3 femmes et un homme), qui récitent des “formules” en vous faisant tremper les pieds dans l’eau d’une fontaine. Les “techniques” peuvent varier (ablutions, trempage, immersion, boisson, aspersion). Il y a encore dans les Landes une grande foire annuelle, en Septembre, autour de la fontaine St Michel, à Suzan.